Lutte contre la pollution et animation d’enfants des rues au Pérou et en Bolivie
Scouts et Guides de France
Présentation de l’équipe
Nous sommes huit jeunes chefs Scouts et Guides de France du groupe de Massy-Verrières dans l’Essonne à être partis en Bolivie et au Pérou. Notre équipe se connaît depuis longtemps par le biais du scoutisme, des études et, surtout, par les liens familiaux car nous sommes cinq frères et sœurs à avoir participé au projet, et le reste du groupe est composé d’amis communs.
Nous avons chacun une expérience différente auprès des jeunes et quatre d’entre nous avaient déjà vécu un projet de solidarité internationale au Vietnam qui consistait à faire de l’animation auprès d’orphelins. Ayant pour la plupart été déjà formés à l’animation (BAFA) et ayant une grande expérience des jeunes, nous avions choisi de faire ce projet d’animation en fonction de notre compétence.
Le projet « Potosi Verde »
Ce projet s’est déroulé du 7 au 28 juillet 2006 en compagnie de scouts espagnols, péruviens et boliviens de nos âges et a été en grande partie financé par l’Union européenne.
Le projet « Potosi Verde » s’est déroulé, comme l’indique le nom, à Potosi en Bolivie. Cette ville tristement connue pour la présence de mines dans lesquelles les conditions des travailleurs sont très dures (voire les mémoires de Che Guevara en Bolivie), est aussi une ville connue pour son altitude exceptionnelle (plus de 4 000 mètres , ce qui en fait la ville la plus haute du monde) ainsi que son histoire car Potosi fut la ville qui a fournit une grande partie des richesses aux Espagnols durant la période coloniale (elle est d’ailleurs classée au Patrimoine mondial de l’humanité pour son très bel ensemble architectural).
Actuellement, Potosi est une ville très pauvre dont l’indice de développement humain (IDH) est comparable à celui d’un pays pauvre d’Afrique. En plus d’être peu développée, la ville est très polluée à cause de l’exploitation de la mine qui n’a pas cessé. Ainsi, mercure, cyanure et plomb sont encore utilisés pour extraire les minerais puis rejetés directement dans une sorte de lagune dans la montagne, lagune qui se situe près des cours d’eau et qui a déjà pollué toute la zone qui se situe à proximité. A cause de ces rejets, les habitants de Potosi et des environs sont touchés par des taux record de cancer. Un autre problème se pose quant aux conditions de travail dans les mines. En effet, les mineurs sont soumis non seulement à des conditions de travail très dures mais, en plus, n’étant pas protégés, à des inhalations en continu de poussières, cause de cancer et donc d’une mortalité très jeune (45 ans en moyenne).
Le projet « Potosi Verde », qui est le fruit d’une collaboration étroite entre les scouts d’Espagne et de Bolivie, consiste à créer des espaces verts dans la ville et notamment dans la garderie pour les enfants des mineurs. Au delà de cet apport de bien-être que peut représenter l’espace vert, les acteurs du projet en profitent pour faire passer un message à la population : il est temps de prendre conscience de son environnement, et c’est dans ce but que notre action s’est tournée.
Ainsi, le premier temps du projet fut, pour nous, la découverte des problèmes environnementaux de la ville par le biais de la visite des mines, des lagunes polluées, des enfants des mineurs et du lieu où ils vivent. Puis nous avons réfléchi tous ensemble à ces problèmes et nous avons recherché des solutions possibles avec les jeunes de Potosi durant un forum organisé par les scouts, où étudiants et associations locales étaient conviés.
A la suite de la réflexion qui a été menée, nous avons écrit un manifeste qui a été publié dans les journaux locaux et nous avons monté une petite pièce de théâtre qui reconstituait un jugement où venaient témoigner toutes les victimes de la pollution (la nature, les enfants, les mineurs) pour finir par la recherche des coupables (les autorités locales qui n’agissent pas, les entrepreneurs qui pensent avant tout à leur profit, mais aussi, en quelque sorte, les victimes elles-mêmes qui ne réagissent pas car elles n’ont pas conscience réellement de l’ampleur du problème). Cette petite pièce de théâtre a été présentée par la suite dans la rue afin de toucher un public le plus large possible. En réalité, le but de notre présence à Potosi était d’apporter des idées nouvelles quant aux solutions possibles et d’essayer de rendre acteurs les jeunes de la ville. Mais ce projet était aussi et surtout un moyen de lancer avec force et éclat le projet « Potosi Verde » qui va être mené durant deux ans par des jeunes de Potosi formés au jardinage grâce à des subventions versées par les scouts espagnols (projet qui a déjà été commencé avant notre arrivée). En effet, toutes nos actions ont été très médiatisées (elles ont été aussi bien suivies par les télévisions locales que les radios) et ceci dans un but de communication du projet. Les autorités locales étaient aussi visées par ce projet puisque nous avons été reçus officiellement aussi bien par le maire et son équipe à deux reprises que par le préfet lui-même grâce à l’aspect international de notre groupe (quatre pays étant réunis autour d’une même réflexion).
Nous avons, quant à nous, été vraiment enthousiasmés par le projet même s’il nous semble très improbable qu’un changement intervienne dans de courts délais. En effet, lorsqu’il était question de rechercher des solutions, beaucoup étaient réfractaires à ce qui nous semblait à nous une des seules solutions de développement durable : la mise en place de machines permettant le recyclage des déchets liés à l’exploitation de la mine. Il faut savoir que pour la population locale, la première inquiétude reste l’alimentation, la question de l’environnement restant bien souvent secondaire. Dans ce cas précis, investir dans des machines assez coûteuses ne leur semble pas envisageable. Et lorsque nous avons évoqué une possible coopération internationale pour financer ces machines, un des organisateurs du forum a parlé de retour à la colonisation espagnole. Ainsi, si le projet a réussi à faire amorcer une première réflexion, il reste encore beaucoup de choses à faire pour faire évoluer les esprits sans froisser les fiertés des habitants, ni réveiller les rancunes liées à un passé colonial encore très présent pour eux.
Des solutions assez simples à mettre en place ont été aussi évoquées comme la création d’un « mini musée de l’environnement » expliquant les problèmes liés aux mines ainsi que le développement d’un tourisme solidaire (lors des visites dans les mines, les touristes pourraient apporter avec eux des masques à poussières comme moyen de paiement). Pour continuer ce projet qui nous a semblé très intéressant et très utile, nous allons essayer de former durant l’année une équipe comme la nôtre qui irait à son tour poursuivre ce qui a été commencé et ainsi apporter son soutien aux scouts de Potosi.
La suite du séjour en Bolivie consistait essentiellement à approfondir l’amitié qui s’était formée entre les participants ainsi qu’à découvrir le pays (le désert de sel de Uyuni, La Paz, Sucre). Nous avons aussi pratiqué ce qu’on pourrait appeler de « l’écotourisme » puisque dans ces différents lieux, nous avons rencontré les acteurs d’une Bolivie plus solidaire : nous sommes ainsi allés découvrir une association qui recueille des enfants battus ainsi qu’une autre, dans un tout autre domaine, qui s’occupe de réinsérer les animaux dans la jungle. Dans ces associations, une même attente d’un soutien, de la part de jeunes étrangers comme nous, a été formulée. En effet, ils considèrent ces venues comme un apport dans leur pratique, une aide concrète et un moyen d’ouverture des jeunes. Ce sont les même propos qui ont été tenus par le directeur de l’association « Hogar de Cristo » dans laquelle nous nous sommes rendus durant la deuxième partie de notre séjour.
L’animation auprès des enfants des rues dans l’association « Hogar de Cristo »
Nous nous sommes rendus au Pérou du 28 juillet au 17 août. Pour aller à Lima nous sommes passés par Cusco où, reçus très chaleureusement par des scouts de la ville, nous avons pu découvrir la richesse inca de cette ville et du fameux « Machu Picchu ».
A Lima, nous sommes allés directement à l’association « Hogar de Cristo », accompagnés du psychologue du centre qui est venu nous chercher à la gare routière. Cette association s’occupe de recueillir les enfants des rues ainsi que les personnes âgées rejetées et les handicapés mentaux. Après avoir fait une réunion avec le directeur du centre, les éducateurs et les psychologues, réunion durant laquelle nous avons pu fixer clairement le programme de nos activités, nous nous sommes installés (l’association nous a gracieusement mis à disposition toute une partie de bâtiment avec bureau, douche et chambres). Durant la réunion, nous avons découvert qu’il n’y avait que des garçons dans cet établissement, les filles se trouvant à Chosica, dans une ville à deux heures de Lima.
Nous nous sommes donc mis d’accord pour passer une première partie de notre temps avec les garçons (27 enfants et adolescents) et une seconde avec les filles (qui sont quant à elles, 24).
Dès le lendemain, nous avons pu commencer les activités avec au programme : cours de français et d’informatique, scoubidous, grand football…
Chaque jour, nous proposions des activités différentes (perles, pommes de Touline, instruments de musique, confection de masques, bracelets brésiliens, olympiades, cours de français et d’informatique, jeux de ballons, sortie à la piscine, au cinéma…et soirées festives avec repas français !).
Pour mener à bien toutes ces activités que nous avons entièrement financées, nous avions amené avec nous un ordinateur que nous avons laissé aux garçons ainsi que du matériel pédagogique (perles, scoubidous..). Par la suite, nous avons acheté un matériel de base sur place que l’on a évidemment laissé à disposition des enfants. Nous avons fait de même avec les filles.
Les enfants, vers la fin de notre séjour, ont repris les cours ce qui nous a laissé moins de temps mais, étant donné qu’ils n’avaient pas cours l’après-midi, nous pouvions quand même mener à bien quelques activités (lorsqu’ils n’avaient pas soutien scolaire ce qui était le cas pour les enfants dans le foyer des garçons). Nos activités chez les garçons étaient souvent séparées entre adolescents et enfants car nous étions assez d’animateurs pour pouvoir proposer des ateliers distincts, et donc plus adaptés aux différents âges.
Les structures des centres sont très différentes entre elles. Ainsi, si chez les garçons, le cadre est assez strict (il faut en effet une autorisation pour sortir et ceci même pour nous), chez les filles, il y a moins d’encadrants et plus de souplesse car elles sont bien plus autonomes (elles font elles-mêmes la cuisine). De même, nous avions plus l’impression d’être dans une grande famille chez les filles car elles s’entendent toutes bien entre elles, les grandes protégeant les plus petites, alors que chez les garçons, il y a d’avantage un climat de violence. De même, nous avons eu plus de difficultés à mener à bien nos activités chez les garçons qui étaient assez turbulents mais en même temps, nous avons ressenti une plus grande demande de leur part car ils ne savent pas trop s’occuper seuls, contrairement aux filles.
D’une manière générale, nos activités ont été très bien accueillies et les enfants venaient sans cesse nous solliciter pour jouer avec eux. Nous avons vraiment réussi à gagner leur confiance en vivant jour après jour avec eux et nous nous sommes beaucoup attachés à eux car ils ont besoin de beaucoup d’affection.
Pour faire un bilan de notre action, nous avons vraiment ressenti l’apport de notre venue dans cette association et, d’ailleurs, le directeur de l’association nous a expliqué l’utilité d’une pareille venue pour ces enfants : elle les ouvre au monde, ils découvrent une autre culture, apprennent de nouvelles choses et surtout, le chose la plus importante : elle les valorise. En effet, nous avons pu nous même le constater, ces enfants ont très peu d’estime d’eux-mêmes (ils ont souvent été battus par leur famille, rejetés par la société), ils ne parlent que très peu d’eux, sont un peu « paumés ». Nous, nous avons essayé de les faire parler d’eux en instaurant un dialogue et en soutenant les actions des psychologues. En très peu de temps, nous avons réussi à gagner leur confiance notamment grâce au fait que nous étions étrangers et que, donc, nous n’avions pas d’a-priori particulier sur eux. Ils se sont ainsi sentis valorisés par le fait que nous ayons fait un si long chemin rien que pour eux.
Le retour
En conclusion, nous pouvons dire que ces deux projets se sont révélés très riches pour nous et ont même révélé des vocations, l’une de nous ayant décidé de faire un master sur le développement en Amérique latine tandis qu’une autre prévoit de faire un master droit de l’humanitaire. Mais, dans un premier temps, nous consacrons beaucoup d’énergie à notre retour en essayant de sensibiliser d’autres jeunes au problème : quelques rendez-vous ont déjà été pris : nous allons effectuer le 21 octobre une exposition sur notre projet auprès du club 16/20 de notre ville (club de jeunes), de même, nous allons présenter notre film auprès de toute notre ville le 14 janvier 2007 à 15h dans le cinéma municipal. Nous travaillons actuellement sur notre exposition pour pouvoir, par la suite, la présenter aux scolaires.
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