1968 : Notice concernant nos embarcations et leur renouvellement

Bulletin d’information du Groupe Jacques Cartier - 1968

Source : Archives du groupe Jacques Cartier
Auteur : Lionel Mayeur
Date : 1968

Le matériel marin du groupe se compose actuellement de deux canots bretons d’équipage et d’un petit canot d’accompagnement. Ces embarcations ne peuvent plus prendre la mer pour de nombreuses raisons.

  • De sécurité car il est exclu de les rendre conformes aux régIes d’insubmersibilité maintenant imposées.
  • De vétusté, car ils ont plus de dix ans d’âge et ont trop souffert pour tenir à nouveau la mer sans risque.
  • De coût de transport, car leur poids nécessite généralement des transports sur plateaux SNCF au prix moyen de 2.000 F (aller et retour, base marine à base Paris)

Ce matériel néanmoins encore très utilisable sera donc essentiellement réservé à la navigation en eau douce et servira en alternance :

  • Aux Scouts Marins
    • comme matériel éducatif de manoeuvre.
    • en sorties d’équipage.
    • lors des petits camps fluviaux ou sur plans d’eau.
  • Aux Mousses
    • Comme matériel d’initiation à l’aviron.
    • Comme bateau d’accompagnement avec moteur.
    • Lors des camps fixes d’été puisqu’il est interdit aux équipages de mousses de sortir en mer.

Le problème immédiat qui se pose est de doter la 6° Marine d’embarcations susceptibles de prendre la mer et utilisables par les Scouts Marins pendant les grands camps d’été. Ce matériel peut être loué, acheté ou prêté.

L’étude faite sur le prix de location des embarcations de plaisance semble exclure d’office la première solution. L’achat est une question de moyens financiers dont il convient de préciser les limites et les modalités. Le prêt ne peut être qu’un palliatif mais il est cependant une solution valable s’il permet de prendre du recul et s’inscrit dans un plan à plus longue échéance.

Après avoir fait le tour des possibilités offertes par les bateaux construits actuellement sur le marché, il apparaît qu’une embarcation de 5.50 m sur 2.00 m est la plus petite unité qui puisse convenir. En ce qui concerne les moteurs, la 6° Marine possède 2 moteurs HB GOIOT, un de 3 CV l’autre de 9 CV utilisables après remise en état.

L’embarcation type désirée par la Maîtrise pour ses Scouts Marins et qui correspondait le mieux à ses préoccupations (6 garçons embarqués pour faire de la petite croisière avec éventuel couchage à bord dans de bonnes conditions de sécurité) se situe au niveau du Mousquetaire ou de son dérivé l’ Azimut. Il s’agit de dériveurs lestés, pontés, avec roof et large cockpit, de plus de six mètres de longueur et de plus de deux mètres de bau, disposant d’une voilure de 20 m2 et transportables sur remorque auto.

Le prix de ces bateaux sans remorque est de l’ordre de 11.000 francs et il semble difficile d’assumer le financement d’une flottille de ce type. Il fallait donc envisager moins grand et moins cher ce qui aura pour conséquence de supprimer la possibilité de couchage à bord.

Parmi les dériveurs lestés offrant toutes proportions gardées les mêmes avantages mais de dimensions immédiatement inférieures sans pour autant descendre en dessous de 5,50 m de longueur, 2,00 m de bau et environ 16 m2 de voilure figurent le Kotick, le Picoteux, le Cap Corse, la Cavale.

Les deux premiers ont d’ardents défenseurs parmi les troupes marines mais leur poids nous a paru encore trop élevé car nous avons l’obligation de faire de longs et fréquents déplacements. Le Cap Corse nécessite à notre avis quelques modifications afin d’agrandir son cockpit à nos besoins.

Notre choix s’est donc porté en fin de compte sur la Cavale. Dessinée par J.J. HERBULOT, la Cavale a été conçue à l’intention des mouvements de Jeunesse. Elle doit permettre à 6 garçons de faire de la navigation côtière diurne. Ses caractéristiques sont les suivantes :

  • longueur 5,50 m
  • Largeur 2,00 m
  • lest et dérive 250 kg
  • tirant d’eau 0,70 / 1,10 m
  • surface de voilure 17 m2.

Construite en contreplaqué marine 9mm, insubmersible par polystyrène expansé, son poids de 470 kg, peu élevé pour une embarcation de cette taille la rend aisément transportable sur remorque auto ordinaire.

Son prix, 5.970 F, nous a paru raisonnable d’autant plus que le constructeur A. STEPHAN nous a proposé le modèle du dernier salon nautique avec son gréement d’exposition pour la somme de 5.470 F, ce qui rentre exactement dans la fourchette de nos possibilités financières.

En effet l’examen des budgets passés, compte tenu du montant des cotisations et du prix de revient des camps permet d’affirmer que notre groupe peut consacrer annuellement pour l’achat de nouveau matériel entre 1.000 et 2.000 francs, à effectif moyen.

La 6° Marine peut donc tabler sur cette somme et l’affecter au remboursement d’un emprunt auprès des parents. 60 actions de 100 francs, remboursables en 5 ans sans intérêt représentent une charge annuelle de 1.200 francs. C’est la solution que nous avons adoptée.

Il se pose également un problème d’embarcation au niveau de l’équipage des Mousses.

Nous avons vu que ceux-ci peuvent disposer d’un canot breton pour l’initiation à la rame et d’un petit canot d’accompagnement avec moteur, mais qu’il n’était plus dans nos possibilités de grever du prix d’un transport SNCF l’acheminement d’un canot au lieu de camp d’été.

Ici donc se pose le problème d’équiper les mousses d’embarcations moins chères et plus légères. Deux formules expérimentées par d’autres équipages de mousses ont retenu notre attention : le doris classique mais en contreplaqué, le dériveur lesté du type Caravelle?.

Ces deux embarcations permettent d’embarquer une bordée de 6 mousses. Elles pèsent entre 250 et 300 kg et mesurent un peu plus de 4,00 m. Mais ici encore la question du poids de transport et de prix de revient par mousse embarqué, nous ont amené à rechercher une solution plus révolutionnaire.

L’Optimist est le plus petit dériveur proposé sur le marché actuel.

Ses caractéristiques sont les suivantes :

  • longueur 2,30 m
  • largeur 1,13 m
  • tirant d’eau 0,10 / 0,60 m
  • surface de voilure 3,25 m

construit en contreplaqué marine, insubmersible par polystyrène expansé, son poids est de 35 kg. Sa flottabilité de 60 kg permet d’embarquer 2 mousses, son prix à l’unité est de 750 F.

Ce qui nous donne le bilan suivant, 1 bordée de 6 mousses embarqués sur des embarcations pesant au total :
35 kg x 3 = 105 kg
pour un prix d’achat de 750 F x 3 = 2.150 F

Soit un emprunt auprès des parents de 22 actions de 100 F remboursables en 5 ans sans intérêt grâce à une charge financière annuelle du groupe de 2.200 F / 5 = 440 F.

On peut à partir de ces résultats discuter à perte de vues des avantages et des inconvénients du système.

La première fois qu’un chef marin nous a parlé de l’Optimist pour les housses, car l’idée n’est pas de nous, en nous précisant que ce petit bateau pouvait parfaitement s’insérer dans une progression technique au sein d’un groupe, nous avons levé les yeux au ciel et sommes partis réfléchir, car tous les bateaux peuvent être bons mais il y a de mauvaises façon de les utiliser.

Nous verrons bien si, de l’Optimist à la Cavale, nous sommes capables de mettre en place une méthode qui s’inscrive dans la pédagogie de notre scoutisme, Et pourquoi pas ?

C’est une expérience qui correspond à nos moyens et que nous nous garderons bien d’imposer à d’autres, mais en attendant,

Embarque Garçons...
La Maîtrise du Groupe Jacques Cartier

PS

Cet article était originellement publié sur Scout un jour, un site animé entre 2004 et 2014 par des passionnés de l’histoire des Scouts de France.

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