3- Du 6 au 16 juillet 1961 : dans le Vercors
Départ : jeudi 6 juillet
Ce soir-là, nous avions rendez-vous à la gare de Lyon à 10 h et demi du soir pour le train de nuit de 11 h. Il y a avait deux troupes, la 32e et la 17e Paris qui faisions un camp ensemble.
Pas mal de parents s’y trouvaient avec leur fils qui eux aussi partent en camp avec nous. Nous en profitons pour faire plus ample connaissance. Bientôt nous nous dirigeons vers les « Grandes lignes ». Nous y retrouvons Roger Varga, chef de troupe de la 17e, qui malheureusement ne peut pas venir et un de nos assistants. En arrivant devant le train, le CT Jacques Guérin, en l’occurrence chef de la « 3217e » Paris (!) fait l’appel et nous montons à l’intérieur. Puis c’est le départ ; Jean-Louis Granger, notre CP, installe les sacs de manière à pouvoir coucher dessus au besoin ; quelques uns veulent dormir dans les porte-bagages mais ils apprennent bientôt que c’est interdit : alors bon gré mal gré chacun s’installe dans son coin. Certains lisent mais éteignent bientôt : il faut être frais et dispo pour le lendemain.
Vendredi 7 juillet
Je me réveille à 5 h et quart du matin et je suis le dernier réveillé de la patrouille ! Après tout, personne n’a trop mal dormi (?).
À Valence où nous arrivons bientôt, je descends avec des camarades acheter des croissants et un gobelet de café chaud. Ça fait du bien. Quand je rentre dans le wagon, tout est calme : Jean-Louis (CP) lit, Alain (SP?) lit, Jean-Patrick lit et André lit. Moi je regarde par la fenêtre.
Vers les 6 h 40, les premières "Préalpes" apparaissent : il s’agit de vieux massifs calcaires tout plissés, tout craquelés qui s’élèvent à pic ou presque au-dessus de nous : c’est assez impressionnant. Puis bientôt, on voit des villages qui commencent à sentir le sud de la France : toits plats en tuiles rouges et rondes, maisons roses, blanches...
À mesure que nous voyageons, les Alpes deviennent de plus en plus hautes : ce sont maintenant de grands massifs tout pointus et tout verts.
Enfin nous arrivons à Die, dans la Drôme, après 10 h de train. C’est une petite ville de 3743 habitants. C’est là que le car viendra nous chercher.
En attendant le car, nous allons visiter l’église et tous ensemble nous prenons le petit déjeuner (l’officiel cette fois) dans un café-restaurant. Nous revenons à la gare et prenons le car vers la Fontaine de la Beaume, lieu du camp. Le paysage est très joli. Après une vingtaine de kilomètres (pour monter de 839 m !) en lacets, nous arrivons au Col du Rousset.
C’est un tunnel de 500 m creusé dans le roc sous 300 m de pierre, à l’altitude de 1255 m ! Devant lui se trouve une vue très... vertigineuse.
Le car s’y arrête quelques minutes, puis nous repartons. mais au bout de 200 m environ, sous le tunnel, un sinistre craquement se fait entendre : c’est une des roues d’une des charrettes de la 32 qui, dépassant la hauteur limite, s’est trouvée sous le plafond du tunnel au moment où celui-ci de rabaissait. Le car revint en marche arrière pour dégager la roue qui était complètement sortie de sa jante !
Nous repartons sans encombre mais une Simca 5 arrivait dans l’autre sens : les deux conducteurs s’arrangèrent à l’amiable (ou presque !) et le car repartit, la Simca 5 reculant devant lui ; enfin à la sortie chacun repartit de son côté sans encombre. Puis le car stoppa (à 19 km du col) près d’un petit chalet qui pouvait servir de refuge. Le lieu se trouvait à 3 km 500 plus loin par une petite côte tout ce qu’il y a de plus... grimpant. Enfin nous arrivons tant bien que mal et nous nous installons pour le repas de midi, puis l’après-midi fut occupé par le choix des coins de patrouille et par le montage des tentes. Enfin, après un bon dîner, une veillée et évidemment la prière, nous allons nous coucher.
Samedi 8 juillet
À 8 h 15, l’assistant de service sonne le lever ; toute la troupe se rassemble près du futur mât des couleurs, affaires de toilettes à la main. Un peu de gymnastique et hop ! tout le monde vers le bac. Il n’y a pas de traînards car l’eau est bonne et il faut chaud malgré l’heure. Ensuite, il y a la messe à 9 h et quart, puis le petit déjeuner (chocolat et confitures). Après, il y a du temps libre où nous faisons un feu qui sera une espèce de petite tour carrée en pierre , le feu étant posé dessus.
Ensuite, nous allons chercher l’intendance et la cuisine, puis le déjeuner où deux assistants ou un seul et le père, ou un assistant ou le père Turck seul venaient manger tous les midis car les chefs (Ô fainéantise !) ne faisaient pas de cuisine et vont manger à tour de rôle dans les patrouilles !
Après évidemment la vaisselle et une sieste, notées (tout est noté pour le concours interpatrouille du camp).
Puis après, nous refaisons le feu qui s’était éboulé : heureusement, il n’y avait rien dessus. Nous le faisons cette fois au dessus du "vide" (3,50m de dénivellation [1] ). Et les cuistots qui y allaient trois fois par jour ! Le CP décide que l’on ferait une plate-forme derrière, attachée à un arbre par un brelage (il tenait celui-là, et pour cause), mais plus tard. Mais l’après-midi passe vite et il faut bientôt dîner ; pendant que je vais chercher la cuisine à l’intendance, que Jean-Patrick souffle comme un véritable soufflet de forge sur le feu, tout le monde vaquez à diverses occupations telles que : creusement du trou à ordures et début de la salle à manger... Et bientôt tout le monde se retrouvait sur le lieu de veillée. Une heure plus tard, tout le monde dormait.
Dimanche 9 juillet
Le lever a lieu à 7 h 45. Aussitôt après, nous commençons à nous occuper de la préparation du petit déjeuner car c’est tout de même assez long ; puis nous allons à la messe tandis que quatre ou cinq grosses branches brûlent avec joie dans le feu. Ensuite nous servons un bon chocolat tout chaud à toute la troupe. mais après, nous avons été nous laver (Nous ne nous sommes passés qu’un « coup de gant » sur la figure et du chocolat).
Ensuite, nous nous occupons des installations (pour la salle à manger, il a fallu au moins une trentaine d’arbres d’au moins 10 cm de diamètre à la base ! Ça fait un sérieux trou ! Puis le reste de la journée passe vite : déjeuner, sieste, installations, dîner, veillée et coucher.
Lundi 10, mardi 11, mercredi 12 juillet
Les lundi, mardi et mercredi se passèrent sans incidents, suivant le programme "officiel" de la journée, c’est-à-dire : lever, toilette, couleurs (mât de 11 m), messe facultative, petit déjeuner, temps libre ou inspection (hélas) ou installations, déjeuner, sieste, re-installations ou re-temps libre, dîner, veillée.
Il y a eu quand même quelques événements : le montage de la plate-forme derrière la cuisine (jugée d’aucun intérêt public par la maîtrise, et le 12, inspection des installations après la messe. Le soir du même jour, veillée en patrouille sous la tente et sous la pluie.
Jeudi 13 juillet
Aujourd’hui c’est la journée d’exploration en patrouille. Le temps d’ailleurs ne s’y prête guère : pluie battante et vent... Enfin !
Après la toilette tout le monde range son sac pour une destination différente. C’est encore nous qui sommes les plus gâtés : seulement 2 km au lieu de 10, 15 et même plus pour les autres !
Enfin, après avoir rempli nos gourdes (eh oui, quand même !) à la fontaine de l’Adret, nous arrivons au lieu. inutile de vous dire que le ciel déverse toutes ses eaux ! Des cordes ! Enfin nous montons la tente tant bien que mal malgré le fait qu’elle fuit un peu. Nous déjeunons à 3 h...
Puis nous nous dirigeons vers le Grand Veymont, montagne de 2343,4 (sic) mètres. Nous montons seulement à 1800 m.
Puis après être redescendus, nous jouons, nous profitons aussi de ce temps libre pour prendre une photo de la patrouille. L’on peut voir sur celle-ci de gauche à droite et de haut en bas : Alain Antonini (SP), André Orhand (dans la patrouille momentanément), Philippe Giron (moi-même et 3e), Jean-Patrick Weil-Gouret (5e), Jean-Louis Granger (CP) et Pierre-Olivier Guy-Grand (dans la patrouille également par intérim). Ensuite nous dînons et faisons un tour jusqu’au point géodésique où doivent avoir lieu les transmissions lumineuses [2]. Celles-ci doivent avoir lieu à 11 h 30 avec les Castors qui sont au Col du Rousset (9 km à vol d’oiseau).
À l’heure dire :
- AAA (= appel) (nous)
- E ( = compris) (eux)
- CT (= message à transmettre)
- K (= prêts)
- Bonjour des Cerfs
- Bonjour des Castors
- Comment vas-tu... yau de poêle ?
- Et toi... le à matelas ?
- Ça va. On va se coucher. Bonsoir.
- Bonsoir
Le lendemain de cette conversation très intellectuelle, on devait apprendre que les Castors n’ont même pas cherché à nous avoir, il paraît qu’une montagne les gênaient (?). Alors ?
Vendredi 14 juillet
Nous nous levons à 10 h. Au moment de la toilette, nous rencontrons un troupeau de moutons : mille cent têtes qui viennent d’Arles en train, à pied ensuite !... Un rien...
Nous prenons le petit déjeuner à... 11 h et quart ! Le déjeuner n’est pas trop tard : 1 h 30. Ensuite il y a temps libre, rangement et départ. Après l’arrivée au camp : toilette, porridge (la cuillère tenait sans difficulté debout dedans), dîner, veillée où nous apprenons l’étonnante nouvelle des Castors et coucher. le soir, avant le dîner, le Père dit une messe pour l’unité.
Samedi 15 juillet
Ce samedi-là fut une journée sans histoire. Tout se passa normalement sauf la pluie qui sévit tout le matin. Le lever, d’ailleurs, fut salué par celle-ci. Et le malheur voulut que ce soit notre jour de faire le porridge ! Il a fallu que Jacques Guérin arrive à la rescousse avec un brin d’ingéniosité pour tout arranger et ne pas faire flamber notre abri à matériel ! Le midi, le temps voulu bien se rétablir. L’après-midi, il y eu atelier expression en préparation d’un feu de camp : nous devions mimer l’enfant prodigue.
++++
Dimanche 16 juillet
Aujourd’hui, deux événements importants : le départ pour le Verdon et le concours de cuisine qui promet de beaux résultats, d’après les commandes, qu’hier, ont faites les CP : poulets, charcuterie, Clairette du pays [3]...
Nous nous levons comme d’habitude, à 7 h 30, après il y eu comme d’habitude toilette, couleurs, messe, petit déjeuner ; puis après je suis allé chercher à l’intendance les commandes qui venaient d’arriver. Il y avait : assiette anglaise, poulet, frites, salade, fromages, fruits et clairette, ce qui n’est pas si mal. Tout le monde eut sa part de besogne : Jean-Louis fait l’assiette anglaise, Pierre-Olivier épluche la salade, Jean-Patrick prépare la table, Alain attend Jean-Louis pour faire cuire les poulets, et moi, comme personne ne sait faire et ne voulait le faire, je vide ceux-ci.
Mais bientôt l’heure du repas arriva : c’est François Mermillod qui vient manger avec plein de bonnes dispositions. Le repas se passe fort joyeusement et François, après avoir bu sa clairette, chanta une chanson à boire très amusante [4]. Puis se fut la sieste. Après les instructions pour le départ, les "valises" et le départ pour la Maison forestière à 6 km. Nous dînons là-bas, un dîner froid. À cause du temps,nous couchons dans la grange à neuf heures moins le quart.
Fin de la première partie.
Précédent : 2- Introduction au camp du Vercors
Deuxième partie : 4- Du lundi 17 au vendredi 21 : La descente du Verdon
Notes
[1] Disons que 2 m à 2,5 m maximum serait sans doute plus juste ! NDA, 2009.
[2] Il s’agit de transmission en Morse, NDA, 2009.
[3] De la Clairette dans un concours de cuisine scout, ce serait sans doute inimaginable aujourd’hui, mais je peux certifier qu’il n’y a pas eu, à ma connaissance, d’abus d’alcool pendant ce camp ! NDA, 2009
[4] Je ne me rappelle plus bien laquelle, mais ça devait être l’inusable "Fanchon"... NDA, 2009
Cet article était originellement publié sur Scout un jour, un site animé entre 2004 et 2014 par des passionnés de l’histoire des Scouts de France.
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