Je te portais
Comme je marchais sur la plage au soir de ma vie, je me suis retourné,
Et j’ai vu sur le sable l’empreinte de mes pas.
Chaque pas était un jour de ma vie et ils étaient tous là,
Je les ai tous comptés et reconnus…
Du plus loin que j’ai vu, à coté de mes traces
S’imprégnait une trace jumelle,
C’étaient les pas de Dieu qui marchait côte à côte,
Comme il me l’avait promis tout au long de ma vie ;
Et comme je regardais ce long ruban de nos traces parallèles,
Il me sembla voir qu’à certains endroits
il se rétrécissait et que seule une empreinte se lisait sur le sable.
C’était l’empreinte des jours les plus noirs, ces jours de larmes et de deuil,
lorsque l’on se sent souvent très seul et abandonné ;
Jours d’angoisse et de mauvais vouloir aussi ; jour d’épreuves et de doute.
Jours intenables…jour où moi aussi j’avais été intenable.
Alors, me tournant vers le Seigneur, j’osai lui faire des reproches :
« Tu nous as pourtant promis d’être avec nous tous les jours !
Seigneur où étais-tu lorsque j’ai tant pleuré ?
Pourquoi ne marchais-tu pas à mes cotés ? »
Et le Seigneur m’a répondu :
« Mon enfant bien aimé, les jours où tu ne vois qu’une trace sur le sable, ce sont les jours où je te portais. »
Barros, poète brésilien
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