Le carnet de progression des Petites Ailes

Aux origines de la FFE, une triple préhistoire !
 L’initiative de la création de la Fédération Française des Éclaireuses part des protestantes des Unions Chrétiennes de Jeunes Filles, entre 1912 et 1920. En effet, suite au succès du scoutisme et au démarrage des Éclaireurs en France, quelques unités ont vu le jour et sont allées jusqu’à fonder des "Éclaireuses unionistes" en 1920 (Congrès de Lyon).
 En parallèle, au foyer de jeunes du 5e arrondissement de Paris, animé par des membres issus du catholicisme social (mouvement "le Sillon"), se bâtit pour les activités des filles une section d’éclaireuses, qui demande son rattachement aux Éclaireuses crées à Lyon avec l’appellation "section neutre" (entendez par là : ouverte à toutes, laïque, et donc, pouvant accueillir des catholiques).
Rattachement accepté ! C’est donc au Congrès d’Épinal de 1921, que la FFE est lancée.
 À partir de 1924, des unités d’Éclaireuses Israélites se créent en lien avec les EIF ; puis en 1927 elles s’ajoutent aux unités FFE : ce sera la 3è section.
Entre temps, le mouvement des Guides de France (créé en 1923) se ralliera à l’autorité de la hiérarchie catholique : précisons qu’à cette époque avant Vatican II, l’œcuménisme ne va pas de soi du tout !
De ce fait, la section neutre s’appuiera davantage sur l’école publique et les milieux laïques.

Les fondatrices de la FFE ont nom Marguerite Walther (1882-1942), Violette Mouchon (1893-1985) , Antoinette Butte (1898-1986) et Denise Gamzon (Pivert) femme de Castor Soucieux fondateur des EIF.
Ce sont des pionnières du dialogue interreligieux, des femmes convaincues et exigeantes qui ont recherché l’ouverture vers tous les milieux : milieux défavorisés, enfants isolées, handicapées ou malades (branche "Extension").
Toutes les fondatrices chrétiennes ont été des pionnières de l’œcuménisme (ex : Suzanne de Dietrich, 1891-1981), ont collaboré à l’œuvre de la CIMADE pour l’aide aux réfugiés - notamment Violette Mouchon qui fut Commissaire Nationale des Éclaireuses section Unioniste et fut Présidente de la Cimade en 1940. On retrouve ses croquis et écrits dans des carnets qui retracent la situation au camp de Gurs (ouvert en 1939 pour les réfugiés espagnols puis pour les indésirables de Vichy). Du côté des Israélites on doit à l’activité inlassable et à la clairvoyance de Castor et Pivert (Robert et Denise Gamzon) la création de maisons d’enfants (comme celle de Moissac) pour protéger les jeunes réfugiés juifs tout en assurant leur formation professionnelle.
L’organisation de la FFE s’est calquée sur le modèle anglais : Branche cadette (7 à 12 ans) ; branche Éclaireuses avec clans (patrouilles) formant une "Compagnie" ; E.A. (Éclaireuses Aînées) rassemblées en "Feux".

L’équipe Nationale se nommait "La Main"

Le siège était 6 rue Ampère (17e) ; l’association possédait des propriétés comme celles des Prés ou des Courmettes, hauts lieux du scoutisme féminin et des camps nationaux du réseau des Clans Libres.

Les Éclaireuses FFE seront 3000 en 1925, 5000 en 1940, 25000 en 1960.
Elles s’éteindront en 1964 et leurs archives furent dispersées entre les mouvements d’accueil .
En 1975, une équipe se ressaisit, constatant que, si rien n’était fait, la mémoire de ce qui fut la FFE se perdrait. Un travail important s’organisa avec les anciennes pour rassembler les documents.
Ceux-ci peuvent être consultés à Strasbourg (Bibliothèque Nationale et Universitaire), à la Bibliothèque de la Société de l’Histoire du protestantisme (rue des Saints Pères Paris 7e), à la Bibliothèque Marguerite Durand (Rue Nationale Paris 13e) et au Mémorial Juif.

La Branche cadette dite "Les Petites Ailes" ou P.A

C’est de la section Neutre que les responsables de "la Mouffe" (le foyer du Vè arrondissement), concoctent une adaptation française des Brownies anglaises (branche cadette des girl guides), avec l’aide des travaux de Maria Montessori et de Piaget.
"Brownies" est le titre d’un conte écrit par Juliana Horatia Ewing en 1870, mettant en scène des enfants qui choisissent de "prêter la main", tels de bons petits lutins qui réalisent de "bonnes surprises" pour aider joyeusement autour d’eux .
Renée Sainte-Claire Deville adapte le livre qui devient "Les 7 filles, le coffret et la main d’ivoire"
Le nom de Petites Ailes était né : oiseaux vifs et joyeux regroupés en rondes (sizaines) dans le cadre de "Farandoles".
Le concept inclut l’idée de "nid" (la "famille heureuse" des Louveteaux?) et d’"Envolée" dynamique.
L’uniforme se compose d’une robe beige et il n’y a pas de foulard mais un nœud passant sous le col aux couleurs du groupe, comme en Angleterre.
Le béret (brun) porte des étoiles et un insigne central montrant les 2 ailes déployées - ce qui n’est pas sans rappeler les insignes des bérets des Louveteaux de la même époque).
La forme des badges mêle les triangles et les losanges (où là encore on retrouve l’inspiration d’outre Manche). Les progressions insistent sur la nécessité de "prêter la main", de rechercher le "bon tour" que l’on peut réaliser autour de soi partout où l’on passe et avec discrétion. La part de créativité n’est jamais mise de côté : on peut inventer des brevets et dessiner d’autres insignes !
Chaque carnet possédait (ou pas, selon la section FFE) un additif de quelques badges religieux.

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