40 ans de scoutisme à Charonne (chronique 1951 - 1955)

Flottements et reprises

Le scoutisme de cette période se vit dans un environnement moins favorable. Même à la paroisse, les " boiscouts " sont un peu à part. Nous devons partager la rue avec les bandes de jeunes. Dans le train ou le métro, nous sommes regardés comme des bêtes curieuses et parfois raillés. Nous nous posons des questions : que veut dire être scout, chrétien ? qu’exprime la loi ?

Le Groupe passe par une période de faiblesse. Les effectifs sont moins nombreux, le niveau technique est faible et les principes de BP moins appliqués. Cependant des chefs jeunes et actifs maintiennent la barre et le Groupe, malgré leur peu de disponibilité et leur trop rapide passage : Christiane Bartolucci, Michel Benoist, Gérard Lecuyer, Jean Bernard Stodel, Pierre Klukvine, Pierre Augé, Bernard Tassara, puis Louis Hacquin, des renforts de Neuilly.

C’est ensuite davantage dans l’effort des raids que dans les jeux que se forge ensuite la fraternité. En effet les dernières années sont marquées par la recherche d’une bonne application des bases fondamentales du scoutisme de Baden Powell. Les aînés, dont les CP et SP?, sont invités à progresser personnellement pour se mettre au service des plus jeunes et les aider à progresser à leur tour. Mais la progression collective reste aussi stimulée par l’horizon des Raiders.

le Groupe se redresse peu à peu sous la houlette de Jean Bousquet qui confortera un renouveau malgré son jeune âge et son passage trop bref.

1951

Aux meutes, les Akéla sont assistées de Liliane Verrier, Jeanne Marie Guibrunet et Yvonne Devincenzi.
Les deux troupes débutent l’année encore réunies vers l’objectif des Raiders. La nouvelle Unité comprend les Cigognes (CP Pierre Tiechon), les Léopards (CP Michel Benoist) Les Alouettes (CP Roger Rouillé), les Hirondelles (CP Roland Chemin), Les Rouges gorges (CP Daniel Dumont) et les Chamois (CP Bernard Lhermey).
Dans les " feu du conseil " de janvier et février chaque garçon reçoit des... " conseils " pour sa progression, en fait un commentaire sur un ton parfois très... " vigoureux " pour certains !

En mars donc, Claude Albe annonce la dissociation des deux troupes qui s’étoffent à nouveau. Elles comprennent en tout en janvier 46 garçons dont 15 louveteaux? et novices.
Une patrouille de la 200ème (Croix Saint Simon) est rattachée à la 37ème. reprise par Claude Benoist, assisté de Pierre Klukvine et Pierre Augé ; Les scouts repeignent le local. Puis Claude Benoist part à l’armée d’avril 1951 à avril 1952 et Pierre Klukvine reprend le flambeau.
A la 137ème, Bichon est renforcé de Gérard Lecuyer, de J. Descourtieux, de JB Stodel et de B. Tassara, et la troupe retrouve sa base rue de Bagnolet pour aussi une remise à neuf. François Chaboche part à son tour au Service Militaire à la fin de l’été.

Les troupes poursuivent leur préparation aux Raiders. Mais elles sont régulièrement secouées par le départs de CP et SP?, qui souvent ensemble par génération, quittent la troupe vers 15 ans et demi à cette époque, pour leur mise au travail ou en apprentissage. Ces encore jeunes CP et SP, liés affectivement par leur passé d’activités communes, n’arrivent pas à se séparer et restent souvent encore réunis en patrouille aînée? ou en équipe " jeune route ".
L’effort pour atteindre le niveau technique Raider est un travail de Sisyphe, en grande partie à cause de ces départs réguliers des aînés. A la troupe, on réorganise les patrouilles en choisissant les meilleurs nouveaux CP possibles, on en dissous, on en reconstitue, on recrute des nouveaux, on reprend l’effort d’atteindre les 2 premières classes et les secondes classes nécessaires par patrouille, pour arriver à l’investiture Raider. Il y a dans les “ Feu du conseil ”, de nombreuses exhortations des chefs à la discipline des scouts et à leur effort pour s’entraîner et passer les épreuves.

Le 4 mars a lieu la traditionnelle fête de Groupe : on joue " Lulli " par les louveteaux, " Orion le tueur " par les scouts et un spectacle de marionnettes par les routiers?, préparé avec eux par Louis Simon, un marionnettiste de grande valeur.

Le camp de Pâques a lieu au château d’Aubergenville, chez le Comte de Sayve. Les 37ème et 137ème sont encore une fois encore réunies. Ce camp a laissé un souvenir épouvantable de froid, de pluie, de boue et de vent. Roger Rouillé y participe comme assistant.

En avril de cette même année 1951, Michel Benoist passe la patrouille des léopards à Christian Baudemont. Un concours est lancé entre les patrouilles pour retrouver leur histoire : s’est-il concrétisé par des résultats, et si oui que sont devenues les informations rassemblées ?

Claude Albe demande à chaque scout un effort pour aider au recrutement, afin de s’étoffer encore et de se renouveler. Gilbert Sorbier, jeune scout de la 37ème obéit sans réplique. Il parle de la troupe à Jean Clément son camarade de classe du collège Arago. Malgré l’éloignement géographique (les Clément habitent dans le 11ème près de Saint Ambroise), ses parents acceptent qu’il " entre aux scouts ". Ce sera juste avant le Week-End de la Pentecôte au cours duquel la 37ème confectionne des arcs dans l’atelier de sculpture de Pierre Klukvine situé en haut de la rue Saint Blaise. Ces arcs seront utilisés pour un grand concours inter-patrouille,

Le 25 avril est célébré le 25ème anniversaire du Groupe, à l’appel des " Responsables des Patriarches ", Léon et Marcel Catusse. Après une messe à la Vieille Eglise de Charonne, qui débute par le chant des laudes et se termine par l’Ave Maria, les anciens visitent les nouveaux locaux du 35 rue Saint Blaise, une exposition de photos et prennent l’apéritif. Un banquet familial a lieu dans le préau de l’Ecole des Frères, rue des Prairies. Enfin une séance récréative est donnée au 70 rue des Haies.

Mais en juin, voilà la fin d’une belle aventure : la fameuse Chorale est dissoute, par manque d’assiduité de ses membres. Claude Albe, déçu, reprend la chorale paroissiale “les petits chanteurs à la Colombe ”.

Le camp d’été de la 37ème réunis trois patrouilles, Alouettes, Léopards et Cigognes. Il a lieu à Ambel (Isère), près de Corps, au bord du lac du Sautet. Pierre Klukvine dirige le camp, avec Pierre Augé ACT. Jean Louis Cassou, Jean Pujol revenu d’Indochine et Roger Rouillé se chargent de l’intendance.
Le camp se situe dans une presqu’île, avec un bac qui passe 4 fois par jour. Chaque patrouille a sa charrette et le traditionnel “ camp volant ” passe par le col du Noyer. L’ascension de l’Obiou, sur lequel s’est écrasé un avion, marque les esprits.
Jean Clément, alors nouveau petit novice aux Alouettes veut couper un petit morceau de bois, ce faisant, il tranche un brelage de la table à feu qui s’écroule... avec les gamelles pleines ! On raconte l’histoire dans le “ Feu du Conseil ”, mais sans citer le fautif. Il faut dire que le CP Henri Leclech est totémisé “ Ecureuil somnolent ”... Cependant, Jean Clément dresse aussi un plan détaillé du camp et de l’emplacement des installations, montrant ainsi des dispositions certaines au croquis topo. Et puis, il commence à compter ses nuits campées : il en totalisera 375 neuf ans plus tard en mai 1960 !
La 137 campe à Gap dans les Hautes Alpes, dirigée par Gérard Lecuyer, assisté de Jean Bernard Stodel et de Michel Benoist. C’est un camp style Raider, avec téléphones de campagne...
Puis les deux troupes se retrouvent près du barrage du Sautet vers la fin du camp.

En octobre, Pierre Verrier remplace Claude Albe à la tête du Groupe. JB Stodel est annoncé à la direction de la 37ème, en remplacement de Pierre Klukvine. Celui-ci met en place une patrouille libre en attendant de partir au service.. Une quatrième patrouille est crée, les Castors, avec Michel Harmel CP, qui vient de la 17ème, et Bernard Gaillard second. Les 3 autres patrouilles sont conduites : les Alouettes par Michel Lakermance et Gilbert Sorbier SP, les Cigognes par Pierre Tiechon et Philippe Vedrenne SP, les Léopards par Christian Baudemont et Bernard Desflammes SP. Les patrouilles comprennent environ 6 scouts chacune, soit une troupe de 24/25 scouts.

Le local de la 37ème au 35 de la rue Saint Blaise, comprend sur rue un immeuble à deux étages qui permet de loger les prêtres de Charonne. Une grande salle à manger au rez-de-chaussée les réunit pour les repas. Madame Lucie, une petite femme adorable et tellement dévouée, est leur cuisinière. Elle a un faible pour les petits scouts qui viennent humer l’ordinaire très appétissant des prêtres et les gâte d’un bonbon ou d’un petit gâteau. Un petit cagibis sert de cabine téléphonique. A cette époque du téléphone encore peu répandu, c’est le seul poste de la maison. Les scouts en profitent avant et après les réunions pour faire des farces : “ Allo, monsieur Lelièvre ? - Oui ? - Pan ! ”. Au grand dam du Père Lacoin qui surveille les factures !
Après ce bâtiment à travers lequel il faut passer, une grande cour au sol en terre, bordée d’arbres, quelques robiniers et des marronniers, de chaque coté. Au fond de la cour le local scout, avec devant une grande statue de la Vierge.
Imaginez un grand atelier d’environ 6 m sur 15, très clair par ses grandes façade en verrières, mais assez froid et impersonnel, séparé en trois par des cloisons légères : à gauche la 37ème, au centre et à droite les meutes, puis un certain temps à droite, les routiers ont installé un dojo de judo. Le local comprend des coins de patrouilles : un panneau au mur, des bancs pour s’asseoir. Un temps il y eut des tables rabattantes, qui ne tenaient jamais et quelques étagères décorées de trophées, plumes, empreintes, dessins ,cartes etc. Le matériel et les charrettes sont rangés (hum) dans une petite pièce au fond, un coin réservé aux chefs.
L’aménagement du " local ", puis on dira la " base ", sera un des éternels sujet de débats et de décisions rarement suivies d’effets, pendant une dizaine d’années
La cour est un coin de paradis où on joue au foot, au handball, où on fait du vélo, de la course. Un grand mur à droite avec un replat, sert à juger des capacités physiques d’escalade pour les épreuves de classe. Plusieurs s’y fouleront une cheville, un poignet, s’y casseront un bras, même deux comme Guy Haberer ! Ce mur borde une usine d’on ne sait quoi, avec des machines et du bruit, comme l’était à l’époque le quartier tout entier avec ses innombrables petites entreprises. Dans la cour ont lieu les inspections de matériel.
On étale les tapis de sol et on dispose les outils, lassos, bonamos et autres ustensiles, aux marques fraîchement repeintes. Les haches surtout sont l’attention des chefs : mais on connaît les parents habiles à les affûter !
En 1955, on construit un nouveau bâtiment à l’entrée de la cour. Ce bâtiment sera occupé par des prêtres en attendant la construction du nouveau presbytère près de la vieille église, d’ou des conflits de la part de certains grincheux qui ne supportent pas les éclats de voix et les rires des scouts et des louveteaux !

A la rentrée d’octobre, Geneviève Verrier quitte sa meute ainsi que sa responsabilité d’ACDM. Jeanne Marie Guibrunet reprend la 137ème. Liliane Verrier reste chef de Meute 37ème aidée de Christiane Bartolucci, la grande sœur de Michel et Jean Pierre.

En décembre, Gabriel Drouhard vient renforcer la 137, dont Gérard Lécuyer reste chef. Jacques Thirion devient CP des Tigres qui sont réactivés, avec Fédia Klukvine second et Jacques Boucher novice.

1952

Pierre Augé a pris la direction de la 37ème assisté de Bernard Tassara. Les Raiders ? Les petits scouts sont plutôt contre. 0n les nomme " les épinards " à cause de leur béret vert. Peut-être est-on jaloux ?
Michel Benoist, surnommé “ Bineuil ", prend la 137ème, avec Gabriel Drouhard assistant.
Les Raiders ? On agit et la " base " s’aménage en " coins raiders " : transmissions, secourisme, topo-raid. La 137 obtient d’ailleurs la deuxième place du CNBA à l’échelon du District Paris Est II, derrière la 42ème (favorisée ceci dit par la situation de son local situé dans un petit bois - en plein Paris ! - sur une butte surplombant la voie de petite ceinture !) “ Il faut que les patrouilles marchent à fond dans les Epreuves ”. Michel Benoist demande aussi plus de discipline...
La Meute dont la maîtrise comprend trois cheftaines, regroupe trois sizaines, blancs, gris, noirs.

Les 16 et 17 février lors de la Fête de Groupe, louveteaux et scouts produisent respectivement un “ théâtre de marionnettes ” et “ l’Ile au Trésor ”.

En avril, Claude Benoist, de retour de l’Armée, remplace de Pierre Verrier à la tête du Groupe.

Le 1er mai est un week-end de vente du muguet dans les rues du 20ème. Cette tradition du Groupe, née au lendemain de la guerre, s’est poursuivie jusqu’en 1956. Puis la concurrence est devenue dure, voire sauvage avec d’autres vendeurs ambulants qui sont passés à des pratiques plus... industrielles ! Pendant plusieurs années, les scouts sont aussi allé cueillir des jonquilles dans les forêts parisiennes pour les vendre dans les rues. Ces ventes étaient une des rares occasions de constituer une caisse de patrouille. Même si parfois un système de cotisation était mis en place nous en avons trouvé la trace dans le carnet de SP de Jean Clément.

Le camp de Pâques des troupes et des meutes a lieu à Mortefontaine, dans la propriété du Comte de Gramont, ami de la famille du père Lacoin. “ Jojo la cocotte ” y est célèbre. C’est un renard mort à proximité du point d’eau, qui empeste l’atmosphère des petits scouts en corvée. Bonjour l’hygiène, les chefs finissent par l’enterrer.

Avant le camp, Michel Lakermance quitte la troupe. Il est remplacé à la tête des Alouettes par Gilbert Sorbier, qui n’a que 14 ans. Jean Clément est SP et n’a que 13 ans !
Les meutes sont de fait réunies avec quatre sizaines (les bruns en plus). Elles ne campent pas cet été là, car les cheftaines ne sont pas disponibles. Odile de Lussigny se marie...

Le camp d’été des deux troupes se déroule du 15 juillet au 5 août. Il a lieu au moulin d’Hiriart à Dancharia près d’Aïnoa, au Pays Basque, dans une forêt magnifique avec de hautes fougères. Deux camps volants encadrent un stationnement de huit jours au moulin. Sur une photo du Père Lacoin, on peut voir la 37ème tirer péniblement ses charrettes sur une route pentue en plein soleil avec les bérets portés à l’envers, le fond blanc au soleil. Mon dieu qu’il faisait chaud !
François Clément, tout jeune novice maigrichon aux Cigognes et évidemment surnommé “ Cigogneau ”, se souvient qu’au début du camp, creusant le trou à eaux grasses avec André Chapaut, il reçoit un coup de pelle-bêche sur la tête qui lui vaut plusieurs points de suture. Il est emmené chez le médecin par “ Pépèle ” sur sa Motobécane. Ce surnom du Père Lacoin lui vient de son totem " Pélican serviable ". Il est familier aux scouts, et parfois aux parents - dans le feu d’une conversation avec l’Abbé, l’un d’eux s’est exclamé " vous comprenez monsieur Pépèle... " à la grande joie de tous, le Père Lacoin, très policé, ne mouffetant évidemment pas.
Cigogneau se rappelle aussi les corvées d’eau avec les chiens qui lui courent après et lui déchirent sa culotte, les charrettes qui cassent sans arrêt leurs roulements, la balade incognito en Espagne via la frontière (avec un pansement blanc sur la tête !) et la troupe quasi ivre de Moscatel, bu aux gourdes en peau de chèvre ! Gilbert Sorbier est totémisé “ Renard barboteur ”, et Bernard Desflammes “ Ourson gourmand”. Le Père Deparis participe au camp.
Jacques Boucher se souvient aussi : " A la fin du camp d’Aïnoa, comme souvent nous sommes plusieurs scouts à rejoindre la colonie paroissiale de Kerjan en Bretagne et le grand-père de l’un d’entre nous convoie le groupe. A un arrêt, il descend du train en chemise, certainement pour se rafraîchir. Malheureusement le train repart sans lui, et nous avons sa veste avec tous ses papiers ! Nous arrivons à la colonie par nos propres moyens et le grand père nous rejoint le lendemain ! ".
Au retour du camp, les chefs peignent un fronton de pelote basque sur un des murs de la cour du local rue Saint Blaise. Mais il n’a guère de succès : le mur est si irrégulier que la belle balle de pelote ramenée du pays basque part dans tous les sens. La balle finit tristement ses jours comme médiocre boule de pétanque.

En octobre, les CP de la 37, Michel Harmel, Pierre Tiechon et Christian Baudemont, ainsi qu’un SP, Bernard Desflammes, quittent la troupe et forment une équipe de routiers, les Elans. (sont-ils rejoints par des CP de la 137 ?). Ce départ vide la troupe de ses aînés. Il n’y a plus qu’une seule première classe, Philippe Vedrenne CP des Cigognes. Les autres CP Gilbert Sorbier aux Alouettes, Hervé Jaumes aux Léopards et Bernard Gaillard aux Castors, n’ont alors que leur deuxième classe. L’effectif total est de 20 scouts. Bernard Tassara prend la direction de la troupe.

Le Père Lacoin laisse l’Aumônerie du Groupe à l’abbé Jacques Deparis qui a donc déjà participé au grand camp. Ce dernier salue son prédécesseur en ces termes : “Je veux lui redire en notre nom à tous : merci. Merci pour ses veilles, ses prières, ses sacrifices, ses fatigues, sa persévérance, offerts pour vous. C’est grâce à lui que le Groupe s’est développé et a progressé pendant 7 ans. Et que j’y ai trouvé des gars ouverts, dynamiques et prêts à faire un scoutisme toujours plus vrai ”.

Le Père Deparis écrit aussi dans le même temps : “ Un Raider c’est certes un gars capable de pratiquer un sauvetage, de piloter un planeur, de conduire une moto, ce que ne font pas la plupart des garçons de son âge. Mais c’est aussi un gars plus loyal, plus dévoué, plus pur que les autres ” .
“ L’abbé Jacques ” est aussi célèbre par ses remontées éclair, superbes et pétaradantes du local au bas de la rue Saint Blaise à la vieille église de Charonne, en grosse moto BSA, de concert avec celle d’un autre motard, le Père Cagnac. Evidemment Pépèle sur sa petite Motobécane est dépassé !

Le 1er week-end de novembre, François Chaboche, Claude et Michel Benoist descendent dans le Limousin pour y préparer le camp d’été suivant.

C’est aussi en octobre que les troupes se lancent dans une opération originale, mais qui ne durera pas : le vol à voile. Un premier week-end a lieu (le 26) à Chérence, sur un terrain au bord de la falaise de craie de la Seine. On peut y lancer “ dans le vide ” des planeurs au moyen d’un treuil. François Clément se souvient de ce baptême de l’air original. Une impression prodigieuse : le silence, juste un chuintement de l’air sur les ailes et un vol très calme aux lentes spirales. Le dimanche ne se termine pas très bien, les scouts reviennent très tard à Paris à cause des embouteillages et les parents ont eu le temps de bien s’angoisser !
En novembre, Bernard Tassara annonce que l’expérience est terminée pour la 37. Il estime “ que l’esprit actuel n’est pas compatible avec ces activités. Il convient de se recentrer sur l’esprit et les activités de patrouille ”. Pourtant, deux week-end ont été programmés. Mais l’opération demande aussi des cours théoriques pour passer le BESA (brevet des sports aériens) nécessaire pour être pilote. Ceci mange pas mal le temps des réunions. Et sur le terrain, les scouts ne volent pas beaucoup, cinq minutes pour les plus vieux, et tous s’ennuient finalement à regarder... le ciel !

1953

On ne pense plus beaucoup des Raiders dans les deux troupes suite aux départs des aînés. Car encore une fois, le niveau technique des troupes et les effectifs les replongent au creux de la vague. A la 37ème il reste 12 scouts ayant fait leur promesse. Les novices sont alors priés de rester chez eux jusqu’au camp de Pâques, pendant que les plus aînés se forment.
Néanmoins, le 7 février, trois novices font leur promesse et reprennent les activités ainsi qu’un ancien, Jean Louvion. Cela porte l’effectif à seize scouts. Petit rayon de lumière, on inaugure le local refait à neuf. Les Léopards ont reproduit une carte du quartier de Charonne avec emplacement des principaux services municipaux et paroissiaux, les Castors ont fabriqué un panneau représentant les principaux nœuds et les Alouettes ont dessiné une carte topographique fictive sur laquelle figurent les principaux signes topo utilisés.
A la 137ème, Michel Benoist lance un appelle à une pratique accrue du sport, à base d’hébertisme et de marches.
Les meutes 37 et 137 toujours réunies sont dirigée par Christiane Bartolucci.

Madame Clément relate une réunion du Comité des “ Amis des Scouts ” dans le " feu du conseil " de mars : “ Une réunion familiale chez Monsieur et Madame Benoist. On nous rappelle tout d’abord l’activité de l’Association des Amis des Scouts durant les années précédentes, sous la présidence de Monsieur Albe. Il s’agit ce soir d’élire un nouveau Comité et de préciser ses buts.
Monsieur Benoist envisage quelques unes des activités des Amis des Scouts : épauler le scoutisme, le défendre bien sur, mais surtout conseiller nos garçons et leur apporter de l’aide (aide morale, financière et matérielle, nous dira par la suite Claude Benoist, qui veut bien reconnaître aux parents une certaine... expérience !). Aide pour leurs fêtes, leurs achats, leurs ventes etc. et en dehors des activités scoutes, par exemple, pour trouver du travail, donner des conseils d’orientation professionnelle. Il y a donc beaucoup à faire, chacun dans ses activités personnelles et son rayon d’habitation.
Monsieur Dhotte, trésorier nous donne le compte-rendu financier. La cotisation ADS est fixée. Puis on procède au vote pour le renouvellement du comité. Monsieur Benoist est élu Président à l’unanimité. Monsieur Dhotte est réélu trésorier. Les deux secrétaires, Mesdames Chemin et Verrier également. Pour la Vice Présidence, il y a ballottage entre Madame Bartolucci, Monsieur Gaillard et Monsieur Lakermance. C’est finalement Madame Bartolucci qui remporte la majorité.
Enfin, discussion des toutes prochaines activités et spécialement de la Fête de Groupe, avec la Tombola. Chacun donne son avis, pendant que notre hôtesse apporte du vin blanc et des biscuits.
Mais il est presque minuit et la réunion se termine presqu’à regret. Avant de nous quitter, notre Prière demande à Dieu de nous aider pour guider nos garçons. ”

Le premier mars a lieu la Fête de Groupe avec un banquet-concert et la production de " Maître Grosjean " par les louveteaux et “ Terror of Oklaoma ” par les scouts. On se souvient d’une entrée en scène de scouts titubants car percés de flèches, avec en voix of, emphatique : “ ils venaient du Kansas, ils venaient du Tennessee... ” En finale une soirée dansante. Prix des places 350 francs.

Et commence alors la belle et un peu folle histoire " du camion ". Une souscription est ouverte pour l’achat d’un camion dans une perspective d’équipement du Groupe " à la raider ". La publicité est lancé dans le “ Feu du Conseil ”. Le camion est effectivement acheté en fin d’année. Pierre Verrier passe son permis de transport en commun en mars.
" Le camion ", un Renault cabine avancée, moteur intérieur, très haut et bâché, est équipé de bancs type transport de troupe.
Ce camion va marquer les esprits et les budgets. Construit pendant la guerre, il consomme énormément d’essence, d’huile et d’eau !
Au cours d’un week-end, Pierre Verrier est au volant. Dans une descente très prononcée près de Versailles, les freins lâchent ! Pierre a la présence d’esprit de détourner le camion de sa trajectoire en pleine vitesse et de venir “ frotter ” sur le mur d’une propriété, évitant la catastrophe. ! Il y avait 25 scouts à l’arrière. Une autre fois sur une petite route bombée et bordée d’arbres, le camion croise un gros bahut. François Clément se souvient du balancement très désagréable causé par le coup de volant, augmenté du poids ballant des scouts qui fait zigzaguer le véhicule. " Saint Christophe aidant, tout le monde se remet de la panique, ce fut la peur de ma vie ! Le camion était moins stable que mon GMC ! " raconte Pierre. Lors d’une sortie, la troupe poussant le camion embourbé, André Chapaut des Cigognes glisse un pied sous la roue. Là encore, plus de peur que de mal.

Le stationnement est un gros problème. Le camion est d’abord garé habituellement rue des Haies.
_ " Après accord de l’Ecole de la Providence 70 rue des Haies, je rentre dans le passage jusqu’au portail qui est hélas très étroit et qui m’oblige pour en ressortir à manœuvrer dans la cour. Vu les difficultés je décide d’entrer désormais en marche arrière, ce qui suppose un guide. Un jour ne pouvant tourner à cause des voitures, je continue la passage jusqu’à la place de la Réunion. Mais la bâche accroche le store d’une boutique de confection. Le menuisier de la Croix Saint Simon, ancien de la JOC, m’a aidé à réparer, à charge de revanche... Quelques fois les camion était hébergé dans les cours des paroisses de Pelleport et Haxo, car les routiers du district l’utilisaient aussi. Nous faisions aussi des BA en portant papiers et bouteilles à Neuilly Plaisance dans ce qui sera plus tard EMAUS de l’Abbé Pierre ". Mais le plus souvent il stationne rue des Rondeaux devant chez les Verrier et l’entretien se passe sur le trottoir !

Chaque sortie du camion donne lieu à un compte-rendu, dont la lecture est savoureuse.
Ainsi le 19 avril :
 les aléas : " Départ du 22 rue des rondeaux à 8 heures du matin au lieu de 7h30 prévu, batterie d’accumulateurs à plat par suite d’un court circuit ou d’une masse sur les canalisation d’éclairage. Dépannage de Monsieur Piardet : biberonage sur batterie Cabine avancée Citroën " ;
 l’organisation : "8h15 vieille église de Charonne groupe des louveteaux 37 et 137 plus 3 cheftaines et 21 louveteaux, 8h25 meute de la 1ère Montreuil, 8h40 meute de la 2ème Montreuil : 35 personnes - soit 56 dans le camion ! Arrivée 9h45 château de Villebouzin. Départ 18h15 arrivée 20h, embouteillages et au pas de bourg la Reine à Paris. Garé le camion 70 rue des Haies avec Bernard Tassara. 74 km parcourus. "

A 21h, le routier convoyeur remets le carnet de Bord, la carte grise et les clefs au CG. Suit le décompte des charges et recettes. les meutes payent les charges à raison de 60francs au km. Le camion procure ce jour là 1800 Francs de marge !
Le 26 avril c’est au tour de la 37ème et 17ème Paris d’être transportées (de 7h30 à 11h30) au château de Crouy sur Oise. Le camion sert aussi à tendre une roulette va et vient à travers l’Oise. Puis le retour s’effectue de 17h30 à 20h45. Le 20 juin c’est le tour des guides et guides aînées de la 102ème Paris et du Groupe de la 1ère Montreuil de se faire transporter. Commentaire du chauffeur : " accrochage d’une aile de voiture ".

Le camp d’été dans le Limousin sera l’occasion du premier grand voyage, avec Vierzon en première étape et arrivée vers 18h le lendemain.
François Chaboche qui a obtenu son permis, aide Pierre Verrier à assumer les dimanches. Après moult “ parachutages ” (celà consiste à faire sauter les scouts du camion en marche au départ d’un raid individuel ou de patrouille : Go !), Le camion sera vendu à la 1ère Chateaudun en 1955 ; Bichon avait pris contact avec cette troupe lors d’une visite à Michel Benoist effectuant son service militaire dans cette ville et Compagnon? au Clan local.

A Pâques, la 37 et la 137 campent à Bonnelles, au Nord de Pontoise. Un temps de chien sous la pluie.
Avant le camp d’été Bernard Tassara quitte la 37ème car il est reçu à un concours d’Inspecteur des Postes et doit partir en province. Gilbert Sorbier, CP des Alouettes, quitte à son tour la 37 pour rejoindre les aînés montés 6 mois plus tôt à la Route. Michel Bartolucci lui succède avec Jean Clément pour second.

En juillet, comme prévu les deux troupes se rendent à Neuvic Entier dans la Haute Vienne. Elles s’installent séparément au Bret dans la propriété de M. et Mme Ruchaud.
La 37ème est dirigée par Michel Gendré avec Jean Teste pour ACT. La 137ème par Michel Benoist. Claude Benoist est intendant et a son “ commerce ” le long de la rivière “ La Combade ”. Bichon “ anime ” l’ensemble.
Le camp du Limousin fait accéder les petits parisiens à un monde rural encore ancien : à cette date, les villages avec leurs puits communaux équipés de pompes à main, les cafés aux murs noircis de tabac, dans les fermes la table commune avec les bols incrustés, et le " caillet " de sang. Michel Bartolucci fait état de sa science bovine dans son compte-rendu d’exploration “ les boeufs du Limousin, qui ne sont le plus souvent que des vaches... ”.
La 37 organise la dernière séance de totémisation de son histoire : Jean clément devient un “ Loup serviable ” le 23 juillet. L’exploration de patrouille consiste en un grand raid... (empêcher des terroristes de faire sauter la cathédrale de Limoges !)... en auto-stop malgré les consignes des Chefs.
La 137 a fait venir de Paris des réservoirs d’avions de la dernière guerre,. Elle entreprend le montage de radeaux et met ceux-ci à l’eau au lieu dit “ Le Chalard ”, pour descendre la Vienne. Si le lieu est infesté de vipères, il n’en reste pas moins que le départ est un succès. Les patrouilles ne font cependant que quelques kilomètres, la sécheresse qui sévit ayant diminué sensiblement le tirant d’eau.

Au dernier trimestre le Père Talagrand succède à l’abbé Jacques Deparis, et on procède encore une fois à la refonte des patrouilles :
 A la 137 : Michel Mortier devient CP des Chamois, Michel Closier CP des Hirondelles, Jacques Boucher, des Tigres.
 A la 37 : Michel Bartolucci devient CP des Alouettes. Jean Clément rétrograde à la demande de ses parents inquiets pour ses études. Les autres CP sont Bernard Gaillard aux Castors, Hervé Jaumes aux Léopards et Philippe Védrenne aux Cigognes.

A Noël, une partie des maîtrises et des HP des troupes participe à l’Alpe de Venosc, à un camp de ski organisé par la paroisse avec le Père Lacoin. Jean Clément a apporté une bouteille de marc " empruntée " à son père. On qualifie ce marc de " super popole " par comparaison au rhum qui sert à faire les grogs et qu’on nomme depuis longtemps " le popol ".

1954

En janvier Louis Hacquin prend la responsabilité du Groupe en remplacement de Claude Benoist qui se marie.
A la 37ème dirigée alors par Bernard Tassara et Jean Teste, deux CP s’en vont : Philippe Vedrenne et Bernard Gaillard. Ils vont rejoindre Daniel et André Charlot, Jean Sommier, Christian Baudemont, Bernard Desflammes, Michel Harmel et Pierre Tiechon au Clan (patrouille de novices de l’Elan), à la Croix Saint Simon.
La 137ème a toujours pour chef Michel Benoist. Quand Michel part faire son Service Militaire, Jean Bernard Stodel le remplace.
La meute reste entre les mains de Christiane Bartolucci assistée de Bernadette Cazeneuve.

A la fête de Groupe en avril, les scouts jouent " la guerre piccrocoline ", une pièce inspirée de Rabelais, au rythme endiablé et aux répliques truculentes. Les louveteaux jouent " Aladin " et les routiers " le Guignon ".

A Pâques, les troupes campent ensemble à Arainvilliers (près de Pontoise). Le camion les transporte jusqu’au lieu. Louis Hacquin le nouveau chef de Groupe, les accompagne. Le camp ne dure que 5 jours, mais après un jour de repos à Paris, la HP de la 37 repart pour un camp de 3 jours à Eragny.

Après le camp de Pâques, les deux chefs de la 37ème n’étant plus disponibles, Louis Hacquin assure les réunions de celle-ci, une fois encore réorganisée le 19 mai. Les Alouettes sont dissoutes. Michel Bartolucci passe CP des Cigognes et Jean Clément SP des Hirondelles.

Le 23 mai une sortie commune des deux troupes a lieu en forêt de Montmorency. Les chefs annoncent que les 2 troupes sont fusionnées sous la direction de François Chaboche, mais les réunions du mercredi restent séparées en raison de l’exiguïté des locaux respectifs.

Le Week-End de l’ascension, les 26 et 27 mai, une sortie des HP des deux troupes est organisée en forêt de Compiègne et François Chaboche rappelle sa détermination à conduire les troupes aux Raiders. Il y a six patrouilles, (les Castors, les Cigognes, les Léopards, les Tigres, les Hirondelles et les Chamois), dont les première classe portent le béret vert de troupe candidate raider.
Le 16 juin au cours d’une autre réunion commune des deux troupes une nouvelle organisation des patrouilles est mise en place avec transfert de scouts d’une troupe à l’autre.

Autres manifestations, le 13 juin, c’est la sortie traditionnelle des parents à Montmorency à la mer de sable. Le 26 juin, 1200 personnes sont réunie pour un feu de la Saint Jean avec l’ensemble des Scouts et Guides du 20ème arrondissement, de Montreuil et de Bagnolet. Mais une violente averse se déchaîne et la fête est reportée au 3 juillet !

Puis François Chaboche et les CP partent reconnaître le camp d’été. C’est l’occasion d’une mémorable virée !
Ah, ce camp d’été : du 15 juillet au 10 août, les deux troupes réunies campent ensemble en Bretagne à Kerlufédec (Plounevez-Quintin) au bord du Blavet. Le lieu est une magnifique propriété avec des ifs gigantesques. On va chercher l’eau et le lait à la ferme du château, une ferme bretonne traditionnelle, avec le sol en terre battu et l’étable à vache qui voisine avec la salle commune. Elle est habitée par une famille aux nombreux enfants, tous aux cheveux de lin, d’un blond presque blanc : les garçons impressionnent les petits parisiens lorsqu’ils ramènent à cru le cheval au galop, baissant juste la tête lorsque celui-ci entre à l’écurie. Les jeunes filles impressionnent aussi les petits parisiens, si fines, si belles...
Après le départ de François Chaboche, rappelé pour son travail au bout de quelques jours seulement, le camp est dirigé par Jean Bousquet (19 ans !). Il arrive de la 84ème. Pour comble de malchance, l’intendant Pierre Gendré a une crise d’appendicite et se retrouve out. Enfin l’Aumônier, le Père Talagrand, ne viendra pas au camp. Sa “ santé ” ne lui permet pas de camper. In extremis pour assurer la présence religieuse, M. et Mme Clément vont récupérer le Père Lacoin, par chance en Bretagne dans une colonie de filles.
La patrouille de Michel Mortier plante sa tente en plein milieu d’un chemin. Des scouts tirent à travers un arbre abattu pour les installations, virant toutes les affaires : grosse colère du CP ! Après une sévère tempête, la 37 qui s’est installée sur les bords du Blavet doit décamper devant la montée des eaux.
Au milieu du camp Jean Bousquet réorganise les patrouilles. Les Hirondelles et les Cigognes sont dissoutes. Michel Bartolucci, se retrouve “ 1erCP sans patrouille. Jean Clément reprend les Léopards. Michel Closier rejoint la Maîtrise. Bernard Schmitt passe CP et François Clément SP des Chamois.
Toutefois les premiers brevets Raiders “ missionnaire " et " woodcraft ” de la troupe sont passés et décernés. C’est aussi à ce camp qu’ont porte pour la première fois les nouvelles tenues dites “ tenues Raiders ” : culottes en toile côtelée beiges, pulls beiges et badges unicolores blancs sur fond vert (encore merci pour les mamans qui ont recousu les insignes !).

A la rentrée d’octobre, les Parents sont convoqués pour traiter des nombreux problèmes à résoudre, notamment la disponibilité en chefs, en particulier de François Chaboche. Celui-ci rêve pourtant de lancer les troupes dans un grand raid " Alger - Le Cap. La réalité prend le dessus, bien contrôlée par les parents. La 137ème est officiellement dissoute et ne renaîtra plus et Jean Bousquet (que l’on surnomme discrètement Mariano) reprend les rênes avec Jean Teste, Michel Closier et Guy, un ami Martiniquais. Jean Bousquet va être le chef qu’on espérait. Il va mettre son énergie à produire un scoutisme plus proche de la pédagogie de BP.

La troupe fait cependant l’acquisition de canots pneumatiques type zodiac, rachetés à la 17ème Paris et le local de la rue Saint Blaise est rénové, les coins de patrouille sont reconstitués. On reste dans la ligne des Raiders, mais on redescend sur terre : les bérets verts portés pendant le grand camp sont abandonnés.

A Noël, toute la maîtrise et la HP partent faire du ski à la Chenarie, petit hameau de Peisey Nancroix en Savoie. Il n’y a qu’un " fil neige " de 200 mètres de long. Les autres remontées se font à la force des mollets et avec peaux de phoques. Malgré les vieux skis en frêne et à étriers, personne ne se casse une jambe, même Jean Hernette dont les cabrioles sont restées mémorables ! L’initiateur est le maître du lieu, Alfred Pouyé, dit Frédo, routier de fontainebleau qui a crée une association d’accueil de jeunes à la montagne, " Les Amis ". Nombreux sont les scouts de la 37 qui, été ou hiver entre 1954 et 1964, iront " aux Amis " s’initier et se perfectionner au ski, à la randonnée et à l’escalade.

1955

Vous vous souvenez qu’un " système d’alerte " avait été mis en place dans les années d’après guerre. Il s’agissait d’organiser un dispositif de diffusion rapide de l’information entre les scouts pour les prévenir ou les convoquer (le CP est chargé de prévenir untel et untel qui vont transmettre à d’autres, etc.). Raiders obligent, on pensait peut-être à une mobilisation des scouts pour un service d’urgence et c’est bien ce qui se produit les 22 et 23 janvier 1955 : la Seine est en crue et ce sont “ les inondations ”. Il fait... humide.
" Il est 20h30. La TSF vient d’annoncer que les inondations se font menaçantes à Paris et dans la banlieue. 20h35. On sonne : Jean Teste nous alerte. Il nous dit que la troupe s’est inscrite au QG pour intervenir et que CP et SP doivent être au local à 21h. Arrivés au local en tenue de raid, mais avec pantalon de golf, froid oblige, nous partons à 21h15 avec le camion. Go ! A Boulogne par ordre du QG. 22h, nous pénétrons dans la cour d’une grande usine (LMT) située au bord de la Seine. Là nous commençons l’évacuation de tous les appareils qui sont au sous-sol où nous pataugeons dans 40 cm d’eau. Jusqu’à 24h, nous transportons les matériel dans la cour sur des chariots, par une rampe inclinée à 30ème. 24h. Les machines étant mises à l’abri, nous commençons l’évacuation de quelques 200 caisses vides. A 1h, nous mangeons un casse-croûte accompagné d’une canette de Vittel-délice, offerts par l’usine. Le travail reprend jusqu’à 4h dans l’eau. A 4h, nous partons pour le QG en camion, 45 bd de Montmorency, près du bois de Boulogne. Là nous attendons en vain un ordre de départ jusqu’à 8 h du matin.
Puis nous regagnons la paroisse pour aller à la messe avec les scouts.
Après la messe nous prenons les canots pneumatiques de la 84ème et partons à Saint Maur sur ordre du QG. Là bas nous tournons en rond pendant une heure, mais finalement nous rentrons au local, nos canots étant trop larges pour passer entre les grilles des jardins inondés. Donc retour au local vers 14h. Nous mangeons dans le local des louveteaux puis nous faisons un foot acharné interrompu par un coup de téléphone du QG. Go direction l’Ile de la Jatte. Là bas, nous nous divisons en trois groupes et nous commençons à aller faire des commissions pour des gens inondés, à en transporter certains, bref, à faire enfin du canot. Vers les 19h30, nous rembarquons et arrivons au local vers 20H15, fourbus, terreux, trempés, digne des buttes de Montreuil. (célèbres par leurs pistes de motocross vraiment très boueuses), L’opération SOS est finie. "

En moins de 24 heures, plus de 5 000 scouts et 400 chefs ont pu être mobilisés.
La nuit du mercredi suivant, les CP des Tigres, des Léopards et des Castors interviendrons à nouveau pour garder un quartier inondé à Villeneuve le Roi. Ils ne verront et ne ferons pas grand chose hormis une interview par une radio !

La meute fonctionne assez bien pendant cette année là, avec Colette Pattyn et Colette Cazeneuve. Celle-ci suit un CEP à Combs la Ville, à Pâques. Colette Cazeneuve a une soeur jumelle Bernadette, cheftaine de Guides, qui lui ressemble tellement que les scouts facétieux ont pris l’habitude de leur demander “ c’est toi où ta soeur ? ”.

Jean Bousquet et Jean Teste encadrent la 37. Il reste 4 patrouilles, deux de la 37, Léopards (CP Jean Clément, SP Gérald Aubrun) et Castors (CP Guy Haberer, SP Jean Hernette), et 2 de l’ex-137, Tigres (CP Jacques Boucher, SP ) et Chamois (CP Bernard Schmitt, SP François Clément).
Jean Bousquet instaure un système très strict de fonctionnement de la troupe et de comportement des scouts. La Cour d’Honneur se réunit à nouveau. Les CP et SP sont motivés par de fréquentes sorties de HP. Les raids individuels et de patrouilles deviennent une pratique courante. Les sorties de troupe ou de patrouille durent tout un week-end et non plus une simple journée. Le rythme des sorties est ainsi le suivant :
 1er Week-end : sortie de Haute Patrouille
 2ème Week-end : sortie de patrouille
 3ème Week-end : famille
 4ème Week-end : sortie de troupe.

Le " Bracelet de Vermeil " est encore joué à la fête de Groupe. Jacques Boucher joue " Christian " et Jean Clément " le Prince Eric ".

A Pâques, la troupe campe à Verderonne par un temps mémorable, c’est à dire épouvantable !

Claude Paillart, ACDE, organise un week-end de District à la Pentecôte. Il s’agit d’un grand raid à pied et en canots pneumatiques sur la Marne. La 37ème se fait battre par la 177ème (les Otages), qui vient juste d’être investie Raider. Grosse jalousie chez nous !

La grande sortie annuelle du groupe a lieu aussi à Verderonne. Les raisons ? " Nous avons pris contact au cours du camps de Pâques avec la troupe de Verderonne en formation et nous voudrions permettre aux scouts et à leur parents de connaître l’ambiance d’un groupe vivant ". C’est dire combien les chefs souhaitent que cette sortie soit particulièrement réussie. Le camion étant en panne, un autre est loué pour l’occasion.

Le camp d’été en Dordogne, sur l’ile des Escouanes près de Beaulieu, est marqué par une descente de la rivière en canot pneumatique et par un pèlerinage à Rocamadour, 17 ans après celui de 1937 ! Chacun se souvient du “ petit Zaché ” un nain difforme qui nous fait passer d’une rive à l’autre avec son bateau à traille, glissant sur son câble tendu entre les deux rives de la Dordogne. Ce camp a aussi été remarquable par un haut niveau des “ installations ”, d’une grande technique de froissartage.

Voici un extrait d’un carnet de raid de Jean Clément :
" Raid nautique de HP pendant le grand camp, juillet 1955. Le samedi, la HP se regroupe après différents raids individuels, sous le pont de Beaulieu. Nous mettons les canots pneumatiques à l’eau. Après avoir remonté avec peine 500m de rapides, nous halons le canot sur la berge dans une petite crique afin de préparer le dîner. L’ACT part chercher un coin pour dormir et après le dîner, il nous conduit dans la grange d’une ferme habitée par des polonais. Le lendemain à 7h, nous prenons congé de nos hôtes après avoir pris un peu de cacao. Nous embarquons dans le canot et descendons les rapides pour rejoindre le pont de Beaulieu d’où nous partons pour l’église, car c’est dimanche.
Après la messe, rembarquement et GO pour Tauriac où est notre camp, à 15km. La Dordogne est très changeante. Tantôt large et presque sans courant, ou bien remplie de rapides dont les rochers sont assez traîtres. Enfin tout va bien quand même et après avoir ramé et déramé successivement, nous nous arrêtons pour faire le déjeuner que les CP des Castors et Chamois (Guy Haberer et Bernard Schmitt) nous font à la trappeur, pendant que nous nous ébattons dans l’eau. Vers 14h30 nous repartons et pendant 1h nous sommes obligés de ramer continuellement vu qu’il n’y a pas un brin de courant. Puis c’est une série de rapides que nous traversons à toute vitesse.
Nous passons ensuite sous le pont de Puybrun, d’où l’aumônier nous prend avec sa caméra. Ensuite nous longeons toute une série d’îles jusqu’à l’île Saint Georges où est notre camp. Nous descendons sans bruit sur la pointe et patientons (en dînant) jusqu’à 24h, heure à laquelle nous devons faire démarrer un grand jeu de nuit, en capturant un garçon de la troupe ".

A la rentrée, Jean Bousquet quitte la troupe. Jean Teste part au Service Militaire, chez les chasseurs alpins. Le Père Lacoin quitte la Paroisse, affecté à Epinay sur Seine. La troupe n’a plus réellement de Chef ni d’Aumônier. Le local est négligé. Mais les réunions, et des sorties se font quand même car Louis Hacquin anime de fait la troupe avec un groupe de parents souvent inquiets.
Une partie des CP et SP se retrouvent à Noël à Peisey Nancroix pour faire du ski.

PS

Cet article était originellement publié sur Scout un jour, un site animé entre 2004 et 2014 par des passionnés de l’histoire des Scouts de France.

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