40 ans de scoutisme à Charonne
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Monographie de François Clément, ancien CT. Nouvelle édition de mai 2005, révisée, enrichie et redécoupée.
Un Cadre Vert
C’est un duo remarquable, constitué de 1958 à 1961 par Norbert Goudy et le Père Mercadier, qui va forger une troupe solide, individuellement et collectivement, et former de nombreux chefs.
La construction des installations en froissartage, les raids à la boussole, les descentes de rivière en canot ou à la nage, les courses en montagne sont les moments forts. Mais comme pour la période précédente, la vie quotidienne, le camp et ses feux restent des moments privilégiés.
Division Kim, candidature Raider, réfection de la Base, Cours d’Honneurs, entraînements individuels conséquents et maîtrises nombreuses, sont les qualités de cette 37ème.
Flottements et reprises
Le scoutisme de cette période se vit dans un environnement moins favorable. Même à la paroisse, les " boiscouts " sont un peu à part. Nous devons partager la rue avec les bandes de jeunes. Dans le train ou le métro, nous sommes regardés comme des bêtes curieuses et parfois raillés. Nous nous posons des questions : que veut dire être scout, chrétien ? qu’exprime la loi ?
Le Groupe passe par une période de faiblesse. Les effectifs sont moins nombreux, le niveau technique est faible et les principes de BP moins appliqués. Cependant des chefs jeunes et actifs maintiennent la barre et le Groupe, malgré leur peu de disponibilité et leur trop rapide passage : Christiane Bartolucci, Michel Benoist, Gérard Lecuyer, Jean Bernard Stodel, Pierre Klukvine, Pierre Augé, Bernard Tassara, puis Louis Hacquin, des renforts de Neuilly.
C’est ensuite davantage dans l’effort des raids que dans les jeux que se forge ensuite la fraternité. En effet les dernières années sont marquées par la recherche d’une bonne application des bases fondamentales du scoutisme de Baden Powell. Les aînés, dont les CP et SP?, sont invités à progresser personnellement pour se mettre au service des plus jeunes et les aider à progresser à leur tour. Mais la progression collective reste aussi stimulée par l’horizon des Raiders.
le Groupe se redresse peu à peu sous la houlette de Jean Bousquet qui confortera un renouveau malgré son jeune âge et son passage trop bref.
La Guerre
Frappé dans son essor, le Groupe marche vaille que vaille de 1939 à fin 1940, en attendant des jours meilleurs.
Les aînés sont dispersés et le Groupe vit la clandestinité, devenant un temps " Oeuvre Sociale Saint François d’Assise ".
Mais assez vite, de jeunes chefs, Jean Guelf, Paul Dufourcq, René Piessès, Odile de Lussigny, Jean Jacques Albe... relèvent les anciens en captivité. les activités reprennent, les camps ont lieu, sauf en 1940 semble-t-il. Louis Hacquin encadre les routiers? du District, puis le District lui-même.
Finalement à la Libération le Groupe est toujours là, prêt à un nouveau développement.
Raiders et Pionniers
Nous y voilà enfin ! Après un dernier effort la troupe est investie Raider en 1963 . Elle prend le numéro 390 et dans la foulée... se lance avec l’appui du QG dans la nouvelle formule Pionniers et Rangers !
Trois troupes et trois meutes.
Cette période du scoutisme est faste et brillante à Charonne, avec une belle expansion : deux nouvelles troupes (dont une très éphémère !) et deux nouvelles meutes sont créées.
C’est l’époque de Léon Catusse, des frères Albe, du Père Lacoin, d’Odile de Lussigny, de François Chaboche, de France Carrel, Jeanne Marie Guibrunet, tous auréolés de prestige au yeux des petits louveteaux? et des scouts.
Pendant toute cette période, c’est un scoutisme " effervescent " que l’on vit. Beaucoup de gaîté, beaucoup de plaisir, quelque absence de conformisme. L’environnement est favorable : la paroisse lui est acquise, les rues du quartier sont à eux, surtout la rue des Haies, la place et la rue Saint Blaise. On se pose peu de questions : on est croyant et pratiquant. On adhère à la loi scoute et on vit une fraternité réelle ou les jeunes admirent les aînés. Et les aînés aiment se faire admirer. Les grands jeux, les explorations touristiques, les fêtes et les feux de camp sont des moments forts. Il y a un peu d’angélisme dans ce scoutisme, marqué sans doute aussi d’un petit manque de modestie. Mais avec beaucoup de hauts et quelques bas, çà marche !
Après les années de mise en place du Groupe, s’ouvre la période dynamique et enthousiaste qui correspond au développement général du scoutisme. Chaque jour est une invention, à Paris comme aux camps, mais le cadre est maintenant bien défini et l’organisation bien au point.
Le mythe de la Chevalerie, mêlé d’un peu d’indianisme, est favorable à une spiritualité qui n’est pas contestée dans notre paroisse. Servir son prochain... A Saint Germain de Charonne on est en terrain de mission : sur la " zone " des fortifications et même sur une partie du 20ème arrondissement à la sociologie populaire.
En tous cas on vit un scoutisme généreux, de qualité et de fêtes, avec des chefs plein de talents : Roger et Georgette Odoul, Jean Aine, Marie Louise Dietrich, André Schlesser, Léon et Marcel Catusse, Georges Chrétien ...
Avec des années parfois moins brillantes, le Groupe arrive toutefois en pleine forme en 1939 comme en témoigne la richesse des effectifs à cette date.
C’est malheureusement une période de drame aussi, les accidents mortels de Paul Chrétien et du Père Yves Le Lorrain, la maladie fatale de Joseph Cordeiro... et la guerre !
Voilà le mythe de la genèse du Groupe dans toute la saveur d’un lointain merveilleux, " les Gais Compagnons de Saint Blaise " ...
Avec même un surnom fabuleux pour celui qui dirige les premiers pas, Hathi.
La photo du Groupe en 1925 nous laisse rêver, comme la narration des premiers camps. D’un seul coup tout notre scoutisme est là, le même que nous avons vécu plus tard.
Mais nous mesurons aussi toute l’énergie d’une cheftaine comme Camille Lelièvre pour des débuts tumultueux, et l’importance que notre Groupe, un des premiers à Paris, avait aux yeux des fondateurs des Scouts de France, le Vieux Loup ou Lucien Goualle.
Nous n’oublierons pas le soutien des chefs venus de la 25ème Paris pour nos premiers pas, Bernard Maurer, Joseph et Jean Blaire, Raoul Serène. Nous n’avons pas été ingrats puisque plus tard à leur tour, des scouts de notre Groupe ont été à l’origine de la fondation d’au moins deux troupes : la 108ème en 1936 au " Bon Pasteur ", et la 127ème en 1957, à " Saint Jean Bosco " et que beaucoup de nos chefs ont aussi contribué à l’encadrement d’autres troupes.
L’auteur a rédigé une histoire des quarante premières années du Groupe SDF de Saint Germain de Charonne (Groupe Saint François d’Assise, 37° (390° raider), 137°, 237° Paris), à partir de documents et souvenirs rassemblés pour la circonstance auprès d’anciens scouts.