40 ans de scoutisme à Charonne (Introduction)

L’auteur a rédigé une histoire des quarante premières années du Groupe SDF de Saint Germain de Charonne (Groupe Saint François d’Assise, 37° (390° raider), 137°, 237° Paris), à partir de documents et souvenirs rassemblés pour la circonstance auprès d’anciens scouts.

Introduction

Voilà quelque temps, poussés par l’enthousiasme d’anciens se remémorant le passé, nous avons souhaité rassembler quelques éléments de l’histoire du Groupe Scout de France de Saint Germain de Charonne, paroisse du 20ème arrondissement de Paris. Ce Groupe " Saint François d’Assise " a été formé des meutes, troupes et clans affiliés sous les numéros 37, 137 et 237ème Paris.

Par chance, nous disposions déjà d’une histoire des quinze premières années du Groupe, rédigée par deux anciens chefs, Léon Catusse puis Georges Chrétien. Elle fut publiée en feuilleton entre 1948 et 1949 dans le journal interne du Groupe, “ Le feu du Conseil ”. Nous avons repris cette histoire presque en entier et nous l’avons complétée pour les années suivantes à partir des archives et des témoignages qui nous étaient disponibles.

Une première édition sur papier, comprenant des planches de photos, d’insignes et de documents divers, n’a pas suffit à la demande. Une seconde avec ajouts, enrichissements et corrections non plus !
La troisième édition a été mis en ligne sur les sites internet du Réseau " 1907 " de recherche interdisciplinaire sur le scoutisme et les mouvements de jeunesse, et http://www.scoutunjour.org/ de l’Environnement adulte des Scouts De France, devenu depuis le Réseau des Parents et Amis des Scouts et guides de France.

Cette cinquième édition, préparée à l’occasion du 80ème anniversaire du Groupe fêté en 200), fait suite à une rencontre avec Georges Chrétien, ancien CT du Groupe en 1939. Il nous a ouvert ses archives nous permettant ainsi d’enrichir la période de 1934 à 1944.

Voilà donc le résultat de ce qui fut beaucoup de recherches, de recoupements et de vérifications. Vous pardonnerez les confusions et les déformations. Il reste aussi beaucoup d’incertitudes, beaucoup de lacunes concernant en particulier les louveteaux? et les routiers?. Alors, si vous le pouvez, vous vous empresserez de nous signaler d’éventuelles corrections, précisions et ajouts pour une...n’ième édition !

L’histoire est présentée chronologiquement, les années successives regroupées en périodes.

La période, des “ Origines et jeunes années ” couvre de 1924 à 1933. Le texte de Léon Catusse nous sert de base, ajouté de précisions et souvenirs personnels de son frère Marcel. Le texte de Léon est présenté en italique comme le seront tous les autres écrits “ empruntés ” aux uns ou aux autres.

Pour la période 1934 à 1939, "Un grand bond ", nous poursuivons avec les textes de Léon Catusse, puis de Georges Chrétien. Quelques souvenirs les complètent, glanés chez les plus anciens, ou des membres de leur famille, et quelques archives et photos nous éclairent un peu plus sur les chefs, les patrouilles, la pédagogie, les techniques, les mythes et coutumes du Groupe d’alors : mais comme nous aimerions en savoir plus !

Pour la période 1940 à 1945, celle de "La Guerre", notre texte s’appuie sur les documents de Georges Chrétien, la revue interne " Radio 37ème ", des archives que possédait Pierre Verrier, ainsi que sur les souvenirs de quelques anciens, dont quelques rares photos.

Nous avons pu décrire les périodes 1946 à 1950, celle de " Trois troupes et trois meutes ", puis 1951 à 1956 "Flottements et reprises" en puisant dans des archives plus copieuses, dont la revue interne “ Le Feu du Conseil ” à partir de 1948, et avec des souvenirs plus nombreux et plus précis des uns et des autres du réseau des anciens de Charonne. Nous disposons aussi de beaucoup plus de photos, dont celles du Père Lacoin retrouvées grâce à son neveu François.

Les périodes 1957 à 1961, "Un cadre vert", puis 1962 à 1964 "Raiders et Pionniers" sont rédigées surtout d’après mes archives personnelles, celles de mon frère Jean, ainsi que des témoignages d’autres chefs et scouts concernés.

(Merci à ceux qui ont contribué à faire revivre la mémoire collective par leurs souvenirs et leurs archives, et plus particulièrement parmi eux, Léon (+) et Marcel Catusse, Georges Chrétien, Jean Jacques Albe, Claude et Michel Benoist, Jean Louis Cassou, Louis Hacquin, Pierre Verrier, et Jean Clément (+).

L’histoire se limite à 1964. Personnellement j’ai quitté le Groupe cette année là pour le Service Militaire puis la vie professionnelle m’a éloigné de Paris. Mais peu après, presque tous les chefs d’alors sont aussi partis marquant une rupture. Triste retour de l’histoire : les difficultés de la création du Groupe en 1924 et 1925 proviennent pour beaucoup de paroisses qui ne croient pas au scoutisme. Quarante ans plus tard, alors que sa situation du Groupe est brillante il suspend sa trajectoire car la paroisse n’y croit plus !

Nous savons peu de choses sur l’histoire du Groupe de 1964 à aujourd’hui. Nous espèrons que de plus jeunes anciens la raconteront. Quel pincement de cœur à la lecture en mai 2002 de cet avis affiché à la porte de la Vieille Eglise de Charonne : " pour les activités scoutes s’adresser à la Paroisse Saint Gabriel ". Mais aussi un espoir cette année, avec la création du nouveau Mouvement des Scouts et Guides de France qui a permis à des louveteaux de rejoindre Guides et Caravelles de la Ménie 102ème Paris toujours présente sur la Paroisse, au sein d’une meute qu’elles ont créée.

A l’occasion de cet ouvrage, sociologue et ancien Scoutmestre attentif à la vie des unités et à la pratique de la pédagogie scoute, j’observe la place très importante pour la vie du Groupe qu’ont pris les fluctuations d’effectifs d’une année l’autre, souvent aussi en cours d’année, et leurs principales conséquences : les réorganisations très fréquentes des unités, les ruptures de dynamiques, les nécessaires remises à niveau technique et spirituel pour pouvoir faire jouer pleinement la pédagogie scoute. Ce fut un travail à recommencer sans cesse.

Certes, les départs réguliers " en bloc " des chefs de patrouilles et de quelques seconds tous les un ou deux ans ont provoqué ces à-coups.
Mais la question du recrutement s’est posée aussi fréquemment. Les flux et reflux d’effectifs sont liés à des phénomènes généraux (engouements pour le scoutisme avant la guerre, à la Libération, les Raiders et l’anti-élitisme en milieu populaire, les conséquences du baby boom etc.). Mais ils furent aussi fonction de la qualité du scoutisme vécu concrètement, de l’attrait des activités c’est à dire de la pédagogie de Baden Powell telle qu’elle était réellement pratiquée à Charonne.
Les fluctuations quantitatives et qualitatives de l’encadrement apparaissent en cela une autre donne fondamentale. Le manque de chefs a conduit à des bricolages : mobilisation de récents CP trop jeunes encore, rappel d’anciens à la disponibilité précaire, appels " au secours " nécessairement temporaires à des chefs d’autres Groupes. Alors les troupes ont chancelé. Par contre, lorsque des chefs et cheftaines adultes et de qualité, de surcroît formés, ont pu rester longtemps en poste, ont eu le temps de former des assistants plus jeunes et en nombre importants, à chaque fois un excellent scoutisme s’est installé à Charonne.

Fluctuations donc, mais aussi permanence. Comment ne pas être stupéfait de la reconduction presque totale, année après année sur quarante ans des activités et des rythmes des toutes premières années ? Les fêtes de Groupes, les sorties de parents, le troisième dimanche en famille etc. Mais aussi les cérémonials, la loi, les us et traditions dans leur grandes lignes, et ceci malgré des évolutions sociologiques assez profondes Cela laisse à réfléchir sur la qualité de la pédagogie de BP, ce dont nul ne doute, mais aussi sur celle de l’organisation de sa mise en œuvre en France dès les premières années !

Et puis face à ce souffle de quarante années, pensons aux fondateurs du Groupe, à ses Aumôniers, Cheftaines et Chefs qui ont érigé, animé, développé ou maintenu la vie des unités par joies, peines, vents et marées... pensons à leurs réussites et à leurs échecs... Et disons-leur merci pour tous les jeunes qu’ils ont ainsi accompagné.

Nous souhaitons que cette histoire enrichisse la réflexion de ceux qui aujourd’hui poursuivent l’aventure du scoutisme. A l’aurore de la création passionnante du nouveau Mouvement, n’oublions pas ces leçons de la permanence des " fondamentaux " et de la qualité de l’encadrement !

François CLEMENT

Le groupe en 1925
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PS

Cet article était originellement publié sur Scout un jour, un site animé entre 2004 et 2014 par des passionnés de l’histoire des Scouts de France.

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