L’héroïsme au quotidien : les Pur-Sang d’Alsace
Article paru dans le numéro 11 de juillet 2002 du trimestriel "Histoire du Christianisme".
De l’automne 1940 à février 1942, en Alsace annexée, un groupe de jeunes femmes, membres des Guides de France, organise une filière d’évasion. Celle-ci permet à près de 350 personnes de gagner la France. Arrêtées et condamnées à des peines de prison, voir à mort, les Pur-Sang - c’est le nom de leur équipe - font preuve jusqu’à la fin de la guerre d’un courage étonnant. Récit d’une aventure extraordinaire, motivée par un patriotisme et une foi ardents.
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« Répression impitoyable de la trahison en Alsace. » le titre de l’article qui paraît en première page du qutidien nazi Strassburger neueste Nachtichten du vendredi 29 janvier 1943 est tragiquement explicite. Sur trois colonnes, il rend compte de la dernière session du Tribunal du peuple qui s’est déroulée trois jours auparavant à Strasbourg. À cette occasion, les animatrices d’une filière d’évasion ayant permis le passage vers la France de prisonniers de geuure évadés et de jeunes alsaciens refusant d’aider l’effort de guerre allemand ont été condamnées. Les peines prononcées sont très lourdes : cinq des onze accusés sont condamnés à mort. Pour les six autres, ce sera entre six et quinze ans de prison. L’article entend clairement dissuader la population alsacienne de fournir la moindre aide aux réfractaires : « La sécurité du Reich exige d’une façon pressante d’impitoyables et sévères mesures contre ceux qui s’abaissent à aider l’ennemi. Celui qui libère des prisonniers de guerre, leur facilite la fuite et leur fait passer la frontière, commet un des crimes les plus graves en temps de guerre, il favorise l’ennemi. Le Tribunal a la conviction que les sentiments de sensibilité et de compassion humaine que les accusés ont donné comme motifs de leurs actes dans ces évasions étaient un très mauvais prétexte à leurs sentiments anti-allemands connus. »
L’affaire est d’importance puisqu’elle n’est pas jugée par le tribunal correctionnel habituel mais par le Tribunal du peuple, juridiction fondée en 1934 pour connaître des actes de trahison. Celui-ci ne traîte que les affaires les plus graves. C’est lui qui, en juillet 1944, condamnera les participants à l’attentat contre Hitler. Les rédacteurs ne se doutent pas du succès que va remporter leur article. Deux mois plus tard, en effet, le journal clandestin Défense de la France, l’un des principaux titres de la Rsistance, qui deviendra France-Soir à la Libération, diffuse la traduction intégrale de l’article des Strassburger neueste Nachtichten. Défense de la France le trouve tellement représentatif de la répression menée par les nazis en Alsace qu’il est reproduit sans aucun commentaire.
Le quotidien nazi
Mais qui sont donc ces dangereux terroristes qui metent à ce point en cause la sécurité du Reich que le Tribunal du peuple, qui siège normalement à Berlin, a jugé nécessaire de venir tenir une session à Strasbourg ? Les Strassburger neueste Nachtichten signalent que Lucienne Welschinger, la principale accusée [1], comme les autres condamnés « était connue de longue date comme appartenant tous ensemble à une ancienne organisation confessionnelle de Strasbourg ». Le quotidien nazi se garde bien de préciser qu’il s’agit des Guides de France [2], mouvement de scoutisme catholique féminin. Dès l’annexion en juin 1940, tous les mouvements de jeunesse français ont été interdits. mais depuis la fin de 1940, un groupe de six jeunes femmes se réunit clandestinement à Stasbourg pour continuer les activités qu’elles pratiquaient avant-guerre chez les Guides de France. Pour ces jeunes femmes, catholiques et patriotes, « la Guide est Fille de France, elle aime son pays » comme le proclame fièrement l’un des principes de leur association. Elles se donnent le nom d’équipe des Pur-Sang [3]. L’initiative de la création du groupe revient à la plus âgée, Lucienne Welschinger.
Chaque jour de cet été 1940, les Alsaciens voient passer des colonnes de prisonniers français qui partent en corvée. Les guides s’arrangent pour leur passer discrètement du ravitaillement ou des cigarettes. Puis, elles organisent un système de ramassage clandestin du courrier des prisonniers. Quand la voiture de ravitaillement arrive, k’une des jeunes filles engage la conversation avec la sentinelle. La seconde fait signe au prisonnier de corvée qui laisse tomber un paquet de lettres tans dis qu’une troisième le récupère. Les lettres sont transmises à des cheminots en envoyées à Paris. le systèmz fonctionne dans les deux sens. Des lettres de réponses sont cachées dans certains paquets de nourriture adroitement jetés dans la voiture de ravitaillement sur le trajet du retour vers le camp. L’activité n’est pas sans rique : dès la fin du mois 1940, les Allemands ont interdit tou contact entre les prisonniers et la population civile. Les infractions peuvent être punies par plusieurs mois de prison. Dans le courant de l’automne 1940, Emmy Weisheimer [4] et Lucienne Welschinger font évader leurs deux premiers prisonniers. le curé de la paroisse Saint-Jean où les Guides de France de la 9ème Strasbourg avaient leur local avant-guerre, a recuillis deux officiers polonais évadés. Ils leur faut passer la frontière. Lucienne les cache dans une dépendance de l’hôtel-restaurant familial. Après leur avoir trouvé des vêtements civils, Lucienne et Emmy partent séparément, l’une en vélo, l’autre en train, chacune accompagnée d’un polonais, à Hersbach dans la vallée de la Bruche à 45 km de Strasbourg, chez des amis de Lucienne. Là, des personnes connaissant bien la montagne du Donon font passer la frontière française aux deux Polonais qui arrivent à Lyon cinq jours plus tard.
C’est au cours d’une récollection chez les Sœurs de la Croix de Strasbourg que les Pur-Sang décident d’aller plus loin dans leur aide aux prisonniers en allant, à tour de rôle, tous les soirs, entre 18 h et 19 h devcant l’autel de la Vierge à l’Eglise Saint-Jean. Les prisonniers savaient que quelqu’un les y attendrait. Les guides repèrent vite les Freddy, nom que les Pur-Sang donnent aux évadés. Ceux-ci leur disent « Pierre ». Les évadés sont alors pris en charge et logés dans les familles. Mais il faut leur faire franchir la frontière.
Dans le contexte de la nazification de l’Alsace [5], le passage des frontières est une activité extrêmement dangereuse. Des patrouilles de douaniers et de militaires les surveillent en permanence. Les Pur-Sang vont utiliser plusieurs techniques. Dès début 1941, Alice Daul [6] et une autre guide partent reconaître la frontière vers la Suisse. Elles se rendent à Saint-Louis, commune française voisine de Bâle. De là, elles explorent la région. Dans le village d’Hegenheim, elles finissent par découvrir un chemin passant derrière le cimetière et permettant de rejoindre la Suisse voisine. Equipées de leur boussole, de papier, de crayons et de spus-main, elles dressent un relevé topographique détaillé de l’itinéraire à partir de la gare de Saint-Louis, comme elles l’ont pratiqué chez les guides avant la guerre lors de leurs voyages d’exploration,. La semaine suivante, deux autres guides ne connaissant pas les lieux refont l’itinéraire pour vérifier si le relevé est facilement compréhensible. Puis celui-ci est imprimé et distribué aux évadés. En général deux guides les accompagnent durant le voyage vers la frontière suisse. Dans le courant de l’été 1941, les Allemands renforcent la surveillance, rendant les passages très difficiles. Il faut trouver un autre itinéraire.
A partir de l’été 1941, celui-ci passe à travers les Vosges vers la France occupée par les environs du col de la Schlucht, dans le massif du Tanet. Marie-Louise [7] et Alice Daul ont découvert ce chemin, aidées par un Scout de France, René Knittel. Les jeunes filles ont aussi soigneusement relevé les heures de passage des patrouilles de douane. Après avoir organisé plusieurs passages de prisonniers en pleine nuit, les Pur-Sang se rendent compte que le moyen le plus discret de faire passer la frontière à des évadés est de les mêler à des groupes d’excursionnistes qui vont se promener sur les sentiers des forêts vosgiennes. Depuis sa fondation en 1872, le Club Vosgien a balisé des centaines de km de sentiers de randonnée. Quoi donc de plus naturel, que ces groupes qui prennet le train à Strasbourg, pour Colmar puis Munster ? De là, ils partent à pied vers les villages. Chaque groupe de cinq ou six évadés est accompagné de deux Pur-Sang qui les guident dans la montagne. Arrivés à la route des crêtes qui marque la frontière, les « Freddy » passent en France. Ils redescendent sur Gérardmer où des religieuses de Notre-Dame de Sion les accueillent. Puis, grâce à des cheminots résistants, ils partent vers Lyon.
Il faut imaginer la fatigue, la tension et la peur que représentent ces passages pratiquemnt hebdomadaires. Durant l’hiver 1941-1942, c’est dans le vent, la neige jusqu’aux genoux et le brouillard que les Pur-Sang, guidées par leur courage et leur boussole, accompagnent les évadés. Le 31 janvier 1942, Marie-Louise et Alice Daul qui guident un groupe de dix Alsaciens sont prises dans une tempête de neige. Cell-ci atteint sept mètres par endroit ! Tous se voient mourrir de froid et d’épuisement. Après avoir érré toute la journée dans la montagne, ils ont la chance d etrouver une ferme abandonnée et des braises encore chaudes dans la cheminée... Le groupe y passe la nuit et réussi à passer la frontière le lendemain.
L’accueil des évadés nécessitent des complicités. Il faut les héberger, les nourrir, les cacher, les habiller, leur trouver de faux papiers. Un agent de police fournit les imprimés pour les papiers d’identité, un photographe les photos. Alice Daul remplit les papiers d’identité tandis que d’autre taillent les vêtements pour les évadés. Des commerçants fournissent gratuitement de la nourriture. D’autre part, grâce à son frère André, Lucienne Welschinger est entrée en contact avec Paul Widmann, ancien offier de l’armée française, lié à une organisation de résistance. Les Pur-Sang intègrent le réseau France 99. Il faut aussi trouver un autre itinéraire, celui du col de la Schlucht devenat beaucoup trop dangereux avec l’hiver. Le nouvel itinéraire passe par Landange, village de Moselle dont l’isntituteur, Antoine Kromenacker est aussi un ancien officier de l’armée française. Il accueille les fugitifs chez lui. Les évadés arrivent d’Allemagne. Après un arrêt à Wissembourg, d’autres complices des Pur-Sang, Marie Gross et Anna Muller les accueillent. Les guides scrutent les gares pour répérer les évadés. Puis Lucienne et les Pur-Sang convointe les « Freddy » vers Landange par le train et ceux-ci franchissent la frontière vers la France.
A la suite de ses contacts avec Paul Widmann, Lucienne décide de se rendre à Vichy pour faire un rapport sur la situation et demander de l’aide, notamment financière, et des armes pour les militaires de réserve d’Alsace. Accompagnée de Lucie Welker [8], elle franchit la frontière près de Landange avec quatre prisonniers évadés et trois Alsaciens en février 1942, dans des conditions difficiles, en pleine nuit, dans la neige, à travers une forêt, guidée par la boussole de Lucie. Arrivées à Vichy, les deux jeunes femmes sont reçues par le général Campet, chef du cabinet militaire du maréchal Pétain. Elles lui remettent un rapport de Widmann sur la situation en Alsace. Lucie et Lucienne rentrent séparément. Mais sur le chemin de retour, Lucie Welker est arrêtée par les Allemands le 18 février 1942. Une perquyisition chez elle entraîne la découverte de notes où soint consignées toutes les activités des Pur-Sang. La Gestapo n’a donc pas grand mal à remonter le réseau. Durant le mois de mars 1942, tout le réseau est arrêté.
Condamnée à mort
Les Pur-Sang sont enfermées à la prison de Kehl, puius au camp de Schirmeck. Leur procès a lieu le 26 janvier 1943. Devant le tribunal qui évoque « un système [de fuite vers la France] d’une prudenbce raffinée », Lucienne revendique toute la responsabilité du réseau. Grâce à lui, en deux ans, deux cent cinquante prisonniers de guerre et une centaine d’Alsaciens ont pu rejoindre la France. Parmi ces Alsaciens, se trouvait le jeune Marcel Rudloff qui bien des années plus tard deviendra sénateur-maire de Strasbourg et président du Conseil régional d’Alsace. Lucienne est la seule condamnée à mort. Les autres guidess ont condamnées de huit à quinze ans de prison. Elles sont en plus déchues de leur citoyenneté allemande... Les membres masculins du réseau sont pratiquement tous condamnés à mort ainsi que Maria Gross. Ces condamnations soulèvent une vive émotion, notamment à Vichy. A la suite de plusieurs interventions, du maréchal Pétain et du nonce apostolique, semble-t-il, les peines de mort furent suspendues. Mais les condamnés n’en ont pas été informés.
Lucienne Welschinger a écrit plusieurs textes impressionnants de foi et de force d’âme où elle décrit son périple dans les prisons allemandes. Internée à Stuttgart, avec ses amsi du réseau condamnés à mort, elle écrit dans un texte de 1945 : « Je crois ! J’ai confiance. Je savais que Dieu ne nous abandonnerait pas. Je savais qu’Il protégerait mes compagnons. J’avais confiance en la Bienheureuse Vierge Marie, et pendant deux cent soixante-deux jours où nous attendions notre exécution, cette confiance ne nous a jamais quittés. Pendant cette période, chaque soir, à genoux, au coucher du soleil, nous récitions notre Rosaire. Tous les jours, pendant huit mois, nous attendions la sentence de nous préparer pour le lendemain matin à l’aube à notre exécution. » En novembre 1944, Lucienne est transférée à la forteresse de Ziegenheim. Elle a la grande joie d’y retrouver lors d’une messe les Pur-Sang qui y sont enfermées depuis leurs condamnation. les journées s’écoulent à travailer dans une usine d’armement ou à coudre des boutons douze heures par jour. Lucienne est de nouveau transférée à Aichach, prison de Bavière où sont enfermées six mille femmes et où le régime est particulièrement sévère. Les détenues doivent rester des heures entières debout face au mur avec interdiction formelle de se retourner ou de parler. Lucienne y contracte la tuberculose. Dans la cellule où elle est enfermée avec deux militantes communistes autrichiennes, elle prie : « Je goûtais avec joie la méditation et l’oraison, j’en jouissais à tel point qu’à travers les murs épais, j’étais au milieu de tout ce qui m’était cher, ma famille, la France, nos alliés et nos soldats. C’était une prière continuelle qui s’élevait vers les cieux. » Sa foi va l’assiter dans les pires épreuves. En avril 1945, elle est transférée dans une autre prison, à Munich, où elle est enfermée au quartier psychiatrique. Elle est libérée par les Américains en mai 1945.
C’est dans leur prison de Ziegenheim que les Pur-Sang apprennent que Strasbourg a été libérée le 23 novembre 1944. Alice Daul prend immédiatement une résolution. Elle va s’évader, ce qu’lle n’avait aps pu faire jusqu’à présent en raison des risques de représailles sur sa famille restée en Alsace. Le 5 février 1945, elle se cache dans la prison. Après être restée de 22 hy à 4 h 30 du matin à démonter la serrure d’une porte, elle doit renoncer : alors qu’lle a enlevé neuf vis, la dixième est bloquée par la rouille... Au moment om elle retournée dans sa cachette, elle est prise d’une inspiration. Après avoir fait une prière, elle fonce par la porte que vient d’ouvrir la gardienne qui surveille les détenus préparent le petit déjeuner des prisonnières, dans le but d’escalader une autre porte qu’elle avait repérée donnat sur l’extérieur. Stupeur, la porte est grabde ouverte... Se guidant avec les étoiles, elle se dirige immédiatement vers la ville proche, pariant sur le fait que les recherches pour la retrouver seront lancées en direction de la forêt, destination logique de tout fuyard... Sur la route, un gendarme civil à vélo la repère er l’attrape par le bras. Elle garde son sang-froid, prend un ton courroucé et lui demande ce qu’il veut une heure pareille (il est six heures du matin !) et que pareille chose ne lui était jamais arrivée ! Surpris, le gendarme la lâche. Alice coupe immédiatement à travers les champs innondés, traverse par deux fois ds cours d’eau à la nage.
Elle a la chance de rencontrer un prionnier de guerre qui lui donne d el’argent qui luii permet de prendre le train. Son projet est de gagner la Suisse. Elle parcourt 600 km à pied et en train dans une Allemagne en pleine débâcle, se cachant, échappant par deux fois à des attaques de train par l’aviation alliée. Alice arrive le 1er mars 1945 à Singen, petite ville allemande située à 2 km d’une enclave suisse en Allemagne. Elle a repéré l’itinéraire la veille sur uen carte d’état-major. À 2 h du matin, alors qu’elle entend les chiens des douaniers allemands, elle se glisse sous l’énorme réseau de barbelés marquant la frontière. Ensanglantée et en loques, elle se présente à 2 h 50 au poste de la douane suisse. Elle a réussi !
Le 15 décembre 1946 à Strasbourg, devant les troiupes qui leur rendent les honneurs militaires, les Pur-Sang, en uniforme de guides sont décorées. Lucienne Welschinger reçoit la Légion d’Honneur, la Médaille de la Résistance, la Croix de Guerre avec palme et est nommée capitaine de réserve. Emmy Weisheimer reçoit la Légion d’Honneur, la Médaille de la Résistance, la Croix de Guerre avec palme et est nommée lieutenant de réserve. Alice et Marie-Louise Daul sont aussi nommées lieutenant et décorées de la Médaille de la Résistance et de la Croix de Guerre avec étoile de vermeil.
Notes
[1] Lucienne Welschinger a vingt-neuf ans quand elle crée cette équipe à l’automne 1940. Entrée chez les Guides de France en 1925, cheftaine de la compagnie 9ème Strasbourg en 1933, elle est cheftaine du district de Strasbourg en 1939. Sa famille exploite l’hôtel-restaurant « À l’ancienne gare » où de nombreux évadés trouveront refuge. Nommée commissaire régionale d’Alsace des Guides de France de 1947 à 1950. Après la guerre, elle est retournée à une vie discrète et n’a été promue officier de la Légion d’Honneur qu’en 1999. Luciene Welschinger est décédée le 23 janvier 2003.
[2] Le site web des Guides de France (NDLR)
[3] Le nom fut choisi en souvenir des camps de formation des cheftaines guides dans lesquels une équipe portait toujours ce nom.
[4] Emmy Weisheimer est la seconde de l’équipe des Pur-Sang
[5] Dès 1940, un gouverneur nazi, Robert Wagner est nommé en Alsace. Celle-ci est annexée à l’Allemagne ainsi que le département de la Moselle. Wagner entame immédiatement une activité politique de germanisation et de nazification : expulsion des fonctionnaires français et des juifs, interdiction de l’utilisation du français ou du dialecte alsacien, germanisation de l’état-civil, des noms des communes et des rues, rupture du concordat, disparition de certaines fêtes chrétiennes, limitation des offices religieux. Dès juillet 1940, un camp d’internement ouvre à Schirmeck. En mai 1941, le service du travail obligatoire (RAD) est décrété pour les filles et les garçons dès dix-sept ans. En janvier 1942, l’adhésion à la Jeunesse hitlérienne est rendu obligatoire dès l’âge de dix ans. Le 25 août 1942, le service militaire dans l’armée allemande devient obligatoire. Trente cinq mille jeunes vont y mourrir, essentiuellement sur le front russe.
[6] Alice Daul est née en 1916. Elle est entrée chez les Guides de France en 1929 et a créé la 9ème Strasbourg avec Lucienne Welschinger. Guide-aînée? et cheftaine de guides en 1939. Elle a été infirmière en 1939-40. Elle a vingt-quatre ans quand elle rejoint les Pur-Sang. Nommée commissaire régionale d’Alsace de 1945 à 1947. S’est mariée en 1946.
[7] Marie-Louise Daul, sœur d’Alice, guide-aînée, est cheftaine de louveteaux? chez les Scouts de France. Elle est décédée en 1973.
[8] Lucie Welker est née en 1919. Elle est entrée chez les guides en 1933. Elle est assistante cheftaine. Elle a vingt et un ans quand elle rejoint les Pur-Sang.
Marcelle Engelen, guide-aînée, elle échappe à l’arrestation car elle quitte l’Alsace clandestinement en 1942 pour ne pas être réquisitionnée au Service du Travail Obligatoire
Pour en savoir plus :
– L’Eglise d’Alsace sous l’occupation nazie, 1940-1945, René EPP, Editions du Signe, 2000.
– L’Alsace dans la guerre, 1939-1845, la tentative de réannexion, Bernard et Gérard LE MAREC, Editions Alsatia, 2000.
– Les Guides de France, un siècle déancipation féminine, Aude Leroy et Sandra Pizzo, Bayard-centurion, 1998
Cet article était originellement publié sur Scout un jour, un site animé entre 2004 et 2014 par des passionnés de l’histoire des Scouts de France.
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