Pierre Joubert et l’Alsace

Illustrateur du scoutisme, Pierre Joubert nous a quitté le 14 janvier 2002 à la Rochelle à l’âge de 91 ans. Nous voudrions lui rendre hommage en présentant succinctement ce qui a pu lier ce grand dessinateur à notre région.

Pierre Joubert est né à Paris, place Saint-André-des-Arts en 1910. Sa mère tient une boutique d’herboristerie, son père est représentant en produits pharmaceutiques. Après s’être fait renvoyer de différents collèges (où il apprend à aimer l’histoire), notamment à cause des dessins qu’il faisait en cours, il rentre à l’École des Arts Appliqués. Là il devient ami avec un scout.

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Pierre Joubert

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C’est un dimanche matin de 1924 qu’il fait sa première sortie scoute : il se retrouve parmi les patrouilles de l’Hirondelle, de la Gazelle, et du Tigre.
Il sort de l’École des Arts Appliqués à 17 ans. Il débute comme illustrateur à l’Illustration. Il effectue son service au 158ème d’infanterie-reine-des-batailles à Strasbourg.

« Je me rappelle notre première rencontre : nous nous étions déjà écrit, mais encore jamais vus. Et ce fut à Strasbourg, avant la guerre, dans une cour de caserne, que je fis la connaissance du caporal Joubert, en train de faire son régiment, comme on disait alors.
Lié d’assez près à son Colonel sans doute prévenu par le 2ème Bureau de la qualité du maître, j’ai appris de la bouche même de cet officier supérieur à quel point ses espoirs avaient d’abord été déçus.
Voulant orner son bureau du texte des citations obtenues par le Régiment, il avait demandé à l’ami Joubert de lui proposer des motifs décoratifs destinés à mettre ces textes en valeur.
Huit jours plus tard, P.J. - on l’appelait déjà ainsi - déposait une demi-douzaine d’esquisses sur le bureau d’un colonel horrifié par le nombre de Victoires joufflues, mamelues, fessues, qui tressaient des guirlandes d’une extrémité à l’autre du carton, et couronnaient de laurier le héros expirant l’arme à la main, sous l’œil navré de dames endeuillées et d’enfants des écoles.
 Ce n’est pas exactement cela que vous désiriez, mon Colonel ? fit l’artiste. Il faut peut-être moins de femmes et davantage de fusils, mortiers, 75 ...
 Arrêtez Joubert, arrêtez ! Avec une légende humoristique, ça irait parfaitement pour la cantine. Mais pas ici ! Ce que je veux, c’est quelque chose de très simple, sans personnages ni fioritures, juste un cadre, clair et net.
 Ah bon ! Oh mais, vous savez, moi aussi je préfère ! Je pensais que ce patriotique, vous vouliez le traiter dans le grandiose ... !

Il fallait s’entendre ! Par la suite, caporal et colonel firent si bon ménage que plus d’un prit M. Joubert pour un officier des services secrets en mission spéciale.
La décoration du réfectoire fut affermée au maître qui choisit comme thème : Le haricot à travers les âges. Et l’ oeuvre fut épargnée par la guerre. Les Allemands qui occupaient la caserne, respectèrent le légume que les troupes françaises retrouvèrent cinq ans plus tard. (Serge Dalens).

En septembre 1927, lors d’un camp école à Chamarande, Paul Coze, en examinant un de ses carnets de croquis, lui propose d’illustrer la revue Le Scout de France. Il est ensuite engagé comme dessinateur.

En 1932, Serge Dalens alors avocat stagiaire à Strasboug et Pierre Joubert se rencontrent dans la capitale alsacienne pour réaliser le premier des romans de la collection « signe de Piste » : Strasbourg, c’est aussi le temps du Bracelet de Vermeil qui doit beaucoup à Joubert, non seulement pour les illustrations bien sûr, mais aussi pour la grande part prise par le maître dans le déroulement du récit lui-même.
Ah, que de soirées épiques à la fameuse brasserie Schutzenberger, où le tandem Joubert-Dalens puisait le meilleur de son inspiration dans la gigantesque choucroute maison convenablement arrosée de Kronenbourg ! [1] »
(Serge Dalens).

En 1937 paraît "Le Bracelet de Vermeil" d’abord refusé par deux éditeurs puis accepté par une maison alsacienne Alsatia...
L’histoire raconte un camp en Alsace qui se déroule bien autrement que prévu, des mystères qui s’accumulent, un drame soudain. Puisant ses racines au fond des siècles, ce drame oblige Éric à un choix terrible. Écartelé entre ce qu’il croît être son devoir et l’amitié, que finira-t-il par décider ? Rencontre à la vérité pathétique et préparée de trop longue date pour demeurer sans lendemain. Mais les "grandes personnes" mésestiment trop souvent les enfants !

La collection "Signe de Piste" était lancée et le Prince Éric devint un personnage historique. (Le tirage des "Éric" approche les 3 millions d’exemplaires).

En 1945, les éditions Alsatia réunissent auteurs et amis de la collection « Signe de Piste » dans un grand restaurant parisien sous la présidence de Mgr Weber, évêque de Strasbourg.

Notons qu’en 1959, Pierre Joubert réalise un album pour le Chocolat Lanvin sur l’Alsace. Album qui fût imprimé chez Imprimeur Braun et Cie à Mulhouse.

Enfin c’est un dessin de Pierre Joubert qui illustra dans les années 50 et en 1983 l’almanach Sainte Odile. Il fût réalisé à la demande du Chanoine Vital Bourgeois, aumônier des Scouts de France.
L’original fut d’abord en possession du chanoine Vogler, ancien responsable de la rédaction de l’Almanach puis recteur de Marienthal qui l’offrit au chanoine Diss (ancien recteur du Mont Saint Odile). Cette illustration est toujours au Mont Saint Odile dans les appartements privés de la direction.

Auteur infatigable d’une multitude de thèmes, l’Alsace n’échappe donc pas au coup de crayon de Pierre Joubert.

Sources :
 http://perso.wanadoo.fr/ghr/joubert.htm
 http://www.signe-de-piste.com/page4...
 Témoignage du chanoine Diss.

Notes

[1La mémoire de Serge Dalens semble lui jouer des tours. Il est peut probable qu’ils aient pu boire une bière Kronenbourg dans une brasserie Schutzenberger !

PS

Cet article était originellement publié sur Scout un jour, un site animé entre 2004 et 2014 par des passionnés de l’histoire des Scouts de France.

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