Au nom des fils...

Un téléfilm revient sur "l’affaire de l’abbé Cottard", qui a secoué le scoutisme en révélant les pratiques dangereuses d’une association traditionaliste. Un film à voir !

Le téléfilm

Mardi 17 mars 2015 à 20h50, France 3 diffuse le téléfilm "Au nom des fils", de Christian Faure, avec Isabelle Gélinas, Léa Drucker et Lionel Abelanski dans les principaux rôles. En voici le résumé :

Quatre scouts meurent noyés, ainsi que le jeune homme qui a tout tenté pour les sauver. L’enquête révèle les fautes et les imprudences de l’encadrement, une association catholique intégriste dirigée par l’abbé Vialard. Deux femmes, la mère de l’un des enfants et la mère du jeune sauveteur disparu, vont, chacune à leur manière, affronter le deuil lié à la perte d’un enfant et devront faire face à leur entourage lorsqu’elles décident de saisir la justice. Le sujet est sensible et le médias s’emparent aussi de l’affaire. Tout le monde ne voit pas forcément d’un bon oeil le courage de leurs démarches. La recherche de la vérité va peu à peu les rapprocher...

Le film est disponible ci-dessous :
<https://www.youtube.com/watch?v=K-o...>

Les faits

Ce film est inspiré (assez fidèlement) d’un terrible fait divers, qui a fait la une de tous les journaux.

Le 22 juillet 1998, 7 jeunes de 12 à 16 ans, membres de "Association Française de Scouts et Guides Catholiques" (AFSGC, une association catholique intégriste dissoute depuis), quittent Port-Béni (au nord du Finistère) pour rejoindre par la mer Perros-Guirec, à bord d’un dériveur léger de type "Caravelle", conçu pour 6 passagers. Aucun moniteur/encadrant/chef ne les accompagne et aucun d’entre eux n’est formé pour une telle sortie en mer, d’autant plus que la météo s’annonce très agitée. Ils doivent rejoindre les autres membres de leur troupe, et sont attendus en milieu d’après-midi par le responsable du camp, l’Abbé Jean-Yves Cottard, un prêtre traditionaliste de la Fraternité Saint Pie X.

Pour te donner une idée, une caravelle?, c’est ça :

Près de 8h après l’heure de rendez-vous fixée, l’équipage n’étant toujours pas arrivé et la tempête s’étant levée dans l’après-midi, les secours sont déclenchés. Hélas, le bilan est très lourd : le voilier en perdition a chaviré, et 4 scouts sont morts noyés, ainsi qu’un plaisancier venu leur porter secours.

La suite de l’affaire révélera d’importantes dérives au sein de l’AFSGC, de nombreux défauts dans la préparation du camp et dans la formation des jeunes, ainsi que l’écrasante responsabilité de l’Abbé Cottard.

Une affaire douloureuse pour le scoutisme

Au coeur de l’été, un tel fait divers a vite fait la une de l’actualité, et a entraîné beaucoup de confusion. Alors que l’AFSGC était un groupuscule catholique intégriste reconnu par aucune association de scoutisme sérieuse, les médias et l’opinion publique ont très rapidement fait l’amalgame avec toutes les associations de scoutisme, et en particuliers celles pratiquant un scoutisme traditionnel (Guides et Scouts d’Europe en tête). Le scoutisme marin était regardé d’un œil extrêmement suspicieux, au point qu’il a perdu toute possibilité d’appliquer un cadre spécifique scoutisme marin d’encadrement des navigations, seuls les diplômes de la Fédération Française de Voile étant alors reconnus.

Il a fallu près de 10 ans pour définir un nouveau cadre. La Commission Nationale du Scoutisme Marin, réunissant les 5 associations qui comptent des groupes marins (Scouts et Guides de France, Guides et Scouts d’Europe, Scouts Unitaires de France, Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes de France, Scouts Musulmans de France) s’est mise en place. Les différentes associations, Scouts et Guides de France en tête, ont également multiplié les initiatives auprès des pouvoirs publics et du milieu marin pour démontrer leur compétence (à l’exemple des Records SNSM auxquels les Scouts et Guides de France ont participé à plusieurs reprise). Au final, ces différentes démarches ont permis de faire valider le cadre réglementaire marin actuel, et les qualifications des jeunes et des encadrants.

L’affaire Cottard est souvent évoquée comme une cause (mais pas la seule) des pertes d’effectifs parfois importantes dans toutes les associations de scoutisme au tournant des années 2000.

Et du coup, que penser de ce film ?

Un film qui sort près de 17 ans après les faits, en changeant simplement les noms des personnages, c’est étrange. D’autant plus que, quand la télé parle des scouts, on peut craindre l’image donnée (Cf Complément d’enquête) et il n’est jamais bon de remuer un couteau dans la plaie.

Mais des responsables des Scouts et Guides de France, des Guides et Scouts d’Europe et des Scouts Unitaires de France ont pu voir ce téléfilm en avant-première, et leur avis est unanime : on peut être rassuré !

Le film ne s’attache pas à raconter l’accident lui-même, mais il suit la mère d’un jeune (la seule qui portera plainte contre l’Abbé Cottard, les autres parents invoquant une volonté divine...) et celle du plaisancier qui leur a porté secours. Et la distinction est faite très clairement entre le scoutisme et les dérives sectaires du groupuscule traditionaliste. Ceux qui craindraient de voir écornée l’image du catholicisme peuvent aussi être rassurés : c’est l’intégrisme qui est mis en cause et non la religion.

Donc en définitive... Un film à voir !

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