Fiche technique : le panneau libre

Le Lien - Mai 68

Les Eclaireurs Unionistes proposent dans leur revue "Le Lien" destinée aux responsables une fiche technique pour favoriser l’expression dans les unités éclaireurs.

Savoir utiliser l’actualité : une règle essentielle pour ceux qui s’occupent des jeunes à l’heure actuelle. Vous avez entendu parler des journaux ruraux de Pékin comme des affiches, des tracts, des proclamations, de ses graffitis des étudiants en révolte. Vous avez essayé de comprendre. Vous avez été choqués, enthousiasmés, révoltés...
Mais avez-vous pensé que vos gosses eux aussi avaient des choses à dire que ni les chants, ni les protestations orales, ni les cris, ni les discussions ne permettaient d’exprimer ? Bien sûr, il y a la peinture, la guitare, la poésie, le journal. Mais tout le monde n’est pas doué pour ces activités. Comment éveiller des enfants qui n’ont pas le don ou même le désir de s’exprimer par ces moyens ?

Voici une méthode encore bien peu utilisée dans le scoutisme et à fortiori dans les camps : le PANNEAU LIBRE.

Une méthode toute simple exigeant un matériel des plus réduits, mais qui peut, pourvu qu’elle soit bien orchestrée, donner des résultats remarquables.

Vous installez un beau matin dans le camp des panneaux - parties de grange, murs ou plaques de contre-plaqué - sur lesquels vous épinglez des grandes feuilles de papier blanc. Vous distribuez des vieux hebdomadaires (ex : Paris Match), des crayons feutres, quelques tubes de peinture avec pinceaux, un pot de colle, des punaises. Ça suffit. Pas trop de matériel, plutôt des idées : « L’imagination au pouvoir » !

Chacun peut avoir son panneau. Ou bien un panneau par patrouille. Ou bien encore un panneau par groupe de trois qui se choisissent librement en fonction de leurs affinités respectives.

Et en avant l’imagination ! On peut tout dire, tout écrire, tout crier, tout critiquer, tout proposer, tout peindre, tout coller. Un inventaire :
« la cuisine est mauvaise », une feuille d’arbre, une photo de chef, une poésie, des pieds imprimés, des propositions d’activités, une invocation à la lune, une prière, des déclarations politiques, un scarabée, des injures …

Tout est permis. Ne vous en faites pas. L’imagination des enfants (et des chefs qui devront éviter l’attitude habituelle du spectateur paternel …) est inépuisable. Toute la journée ne sera qu’assauts de poésies, d’affirmations, de couleurs, de beautés ou de laideurs. L’émulation jouera. On cherchera à être drôle, tendre cruel, intelligent, bête ou méchant.

Et le soir pour terminer, l’heure du « vernissage » où, des étrangers étant conviés, tous apprécieront l’œuvre de chacun. Dîner. Soirée où l’on distribuera des oscars ou des prix comme au Festival de Venise pour : le plus vrai, le plus sérieux, le plus beau, le plus gentil, le plus méchant …

Si vous avez su organiser la mise en scène (tâche par excellence du chef-animateur) et créer l’émulation, vous serez étonnés des résultats : un sentiment de défoulement général, une mise en lumière de ce qui ne marche pas dans la troupe (avec possibilité d’en discuter et de rectifier le tir !), un éveil de certaines vocations artistiques ou satyriques, d’énormes rigolades. Peut-être serez-vous vous-mêmes mis en cause et parfois dépassés. Eh bien tant mieux !

A vous de réagir et d’organiser avec tous les garçons cette journée de panneau libre qui durera peut-être tout le camp, pour reprendre à la rentrée.

Francis DOLLFUS

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