L’avis de l’Aumônier
Scout Pionnier 32-33 de mai 68
Le Père Jean-Pierre Marchand, aumônier national des pionniers, prend la parole dans un long texte, qui sonne comme une invitation à une relecture personnelle des événements, au cours de l’événement ou dans sa vie de poste.
Cet article fait partie d’une série d’articles présentant le regard de chaque association scoute sur Mai 68, regard véhiculé par leurs revues. Retrouver les différents regards.
Mai 68 vu par les revues scoutes de l’époque
Depuis les EEDF ? jusqu’aux Scouts d’Europe, en passant par les Guides de France ou les Scouts de France sur Mai 68, nombreuses sont les (…)
Le conseil de la Loi des Pionniers de la Paix
Au creux du vallon, au sommet d’une montagne ou face è l’océan, dons le calme, le silence, et le soleil, loin des bruits de la ville, des remous de la capitale, des secousses des derniers événements.
Pendant une journée, au camp des grands bivouacs, ce camp maintenu contre vents et marée, et plus formidable que jamais, ou pendant les journées d’extra-job d’été, le poste s’arrête.
- pour réfléchir sur les événements ;
- pour méditer ;
- pour en parler avec le Seigneur.
Voici quelques points de réflexion et de recherche pour soutenir un échange au poste sur les événements que nous venons de vivre.
Il est important que ce conseil de la Loi soit fondé sur des faits précis et concrets et pas seulement sur des impressions, des appréciations générales ou des faits rapportés.
Un état de fait nouveau
Chacun de nous s’est trouvé arraché à sa vie habituelle et ce déracinement doit être l’occasion d’une rencontre avec Dieu.
Au travers de ces événements et de ces bouleversements, Dieu est présent et nous invite à un dépassement.
L’histoire d’un seul peuple
C’est ainsi que tout a commencé, le jour où dans le soleil couchant Dion dit à Abraham :
« Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père. Va vers le pays que je te montrerais » (Gen. 12, 1 et sv).
« II partit ne sachant pas où il allait et voici qu’Abraham nous dit qu’il était étranger et voyageur? sur cette terre. » (Hébreux II, 8 et sv).
« Dieu libère son peuple mais en même temps bouleverse la forme de vie dans laquelle il était installé » (Exode 3 et sv)
« Par l’épreuve, Dieu arrache les Hébreux de la Palestine et lentement leur élan se dissolvait : tel est la sens de la captivité » (Prophètes).
- Ces événements nous arrachent à notre vie habituelle.
- Toute l’histoire du monde est faite de luttes et de remises en question qui sont occasions de dépassement.
- Dans le jeu biblique de la rencontre de Pâques, Moïse aide le peuple à prendre conscience de l’esclavage dans lequel il vit pour découvrir la véritable liberté.
- Toute l’aventure de la Pâques du Christ n’est ni simple ni sans violence. Pourtant elle est le prototype du salut apporté par le Christ au monde.
- Il n’y a pas les bons d’un côté et les mauvais de l’autre.
- Sommes-nous capables de regarder plus profondément ce que Dieu veut nous dire par là ?
- Cette remise en question de nous-mêmes est-elle un progrès ?
Notre attitude est-elle : - passivité : nous attendons des jours meilleurs ;
- activité : on est partie prenante mais réfléchissons-nous assez ?
- désarrois : tout semble partir dans toutes les directions, ce monde est trop complexe, réfugions-nous dans le passé.
Regardons les faits
Autour de nous quelles sont les personnes ou les gens touchés par les événements.
- Quelles catégories sociales ?
- Quelles catégories professionnelles ?
- Quelles nationalités ?
- Quels organismes sont en jeu ? (professionnels, politiques, idéologiques).
- Dans nos familles comment les événements ont-ils été ressentis ?
- Au lycée, dans les C.A.L. [NDLR : Comité d’Action Lycéen]quelle a été notre action ? Avons-nous participé aux travaux de recherches ?
- A l’atelier puis pendant les grèves, qu’avons-nous fait ? Comment avons-noue réagi ?
- Nous sommes-nous informés (personnellement, en famille, en poste, en discutant avec des gens compétents)
A la lumière de l’Evangile
Au travers de ces événements, nous voyons se dessiner les malaises de notre société, et nous essayons d’en rechercher les causes profondes.
Ce que nous avons vécu et vu personnellement a-t-il été pour nous signe de Dieu sur te monde, ceci depuis les manifestants sur les barricades jusqu’au service d’ordre...
A travers tout, comment avons-nous vécu notre foi ? Essayons d’analyser dans le détail sans aller rapidement vers de grandes idées de solidarité, de responsabilité ou de participation, qui ne seraient à la limite que du baratin.
La vie du poste nous donne l’occasion de prendre des responsabilités ou de participer dans l’Entreprise.
Nous avons maintenant des occasions qui nous sont données pour la vie scolaire, professionnelle et de quartier ; les utilisons-nous ?
En quoi la vie que nous menons en poste noue aide à être présent ou compétent à tout ce qui se vit pour les jeunes de notre coin depuis un mois.
Au travers de gestes simples, de démarches élémentaires, Dieu est présent :
- pour l’effort fait par Jacques pour dépasser son égoïsme ;
- par le courage de Gérard qui accepte de se contester lui-même ;
- pour le dialogue et la compréhension ;
- par le geste d’entraide désintéressé ;
- par le sérieux de travaux de recherche menée dans les CAL ;
- par l’essai de compréhension et d’information syndicale ;
- par un effort de dialogue jeunes-adultes (parents, professeurs, aumôniers).
Pendant ce conseil de la loi nous prenons conscience que Dieu ne nous interpelle pas seulement les uns ou les autres, mais les uns et les autres, tous ensembles, fils d’un même père nous sommes invités à construire un seul Royaume pour le développement de tous les Hommes.
Père Jean-Pierre MARCHAND, Aumônier National Pionnier?
Publié le (mis à jour le )
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