Lorsque vers 1917 le R.P. Sévin qui avait longuement étudié le scoutisme en Angleterre avant la guerre fonda près de Lille la 1ère Mouscron, il lui donna un insigne de reconnaissance composé d’un bouton en drap vert (couleur des Eclaireurs) portant une croix potencée rouge brodée.

Pourquoi cette croix potencée ? Le Père Sévin avait choisit les armes des Chevaliers hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem qui unissaient l’idée de service et de dévouement au souvenir du lieu même où est né le christianisme. L’insigne des chevaliers comprend, il est vrai, en plus de la croix potencée dite de Jérusalem, quatre petites croix à l’intérieur des bras et des potences.

Lorsqu’en 1920, les différentes Troupes qui faisaient du scoutisme catholique se réunirent en une Fédération, l’origine et le symbole de cet insigne prévalurent nettement sur les autres, et la Fédération Nationale Catholique des Scouts de France adopta la croix potencée rouge des chevaliers de Jérusalem.

On chercha un symbole susceptible de rappeler aux scouts et de témoigner aux autres leur triple promesse. La fleur de lys, insigne international du scoutisme, choisie par B.P. parce qu’elle indiquait la direction du nord sur les anciennes cartes, ne pouvait pas être utilisée à cette époque, emblème d’un parti politique actif. Un autre insigne, le trèfle, avait une valeur internationale pour les Guides et Eclaireuses. Il rappelait notre triple promesse. On mit donc le trèfle sur la croix potencée.

Les Guides de France n’existaient pas encore, lorsqu’elles se créèrent en 1923, elles prirent comme insigne la croix potencée seule. Parallèlement, le père Sévin, co-fondateur de l’Office International des Scouts Catholiques (qui est devenu la Conférence Internationale Catholique du Scoutisme) donna comme insigne a cet organisme la croix potencée surmontée d’une fleur de lys.

L’insigne surmontait une banderole dont les bouts sont relevés : image du scout qui doit toujours sourire (article 8 de la loi) ; comportant la devise Etre Prêt, traduction littérale de "Be Prepared".

Un bout de corde noué portait sous la banderole, pour rappeler le lien fraternel qui unit tous les scouts entre eux.

Lorsqu’en septembre 1940 les six associations de scoutisme en France se réunirent au château de l’Oradou pour élaborer ensemble la charte du Scoutisme Français renforçant notre union, le projet d’un insigne commun fut envisagé. Il fut toutefois décidé que chaque association garderait son insigne mais aurait une présentation unique dans un écu ajouré.

D’autre part, le développement des Guides de France incitait à retirer le trèfle de l’insigne scout de France qu’elles prirent naturellement.

C’est le dessinateur de l’Equipe Nationale, Pierre Joubert, qui redessina notre insigne avec la fleur de lys actuelle.

Dans les années 60, les différentes associations du Scoutisme Français ont abandonné cette présentation commune et fait évoluer leurs insignes. Les Scouts de France et Guides de France ont stylisé les trèfles et fleur de lys pour se ressembler parce qu’après le rassemblement de la Trivale en 1973, il était envisagé d’unir nos deux associations en une seule : Scouts et Guides de France.

Devant l’impossibilité ensuite de réaliser ce projet, les Scouts de France ont repris leur insigne d’après guerre en reprenant le symbole de la corde nouée autour de l’insigne comme celui du scoutisme mondial.

Cet insigne a été celui des Scouts de France jusqu’à leur fusion avec les Guides de France en 2004.