On vous présente Lou. Lou, elle a 8 ans. Elle rentre en CE2.

Ce qu’elle aime, Lou, dans la vie, c’est sa corde à sauter, son papa et les bonbons qui pétillent sous la langue.
Elle partira en camp cet été, c’est sa maman qui l’a décidé. Mais pour l’instant, c’est le week-end des montées.
Bien-sûr, elle est peu stressée au milieu de tous ces gens aux chemises colorées et aux foulards bien noués.
Dans son sac qui fait deux fois sa taille, sa maman lui a mis deux polaires rose pâle, son doudou, des chaufferettes, et beaucoup trop de lingettes.
Par chance, elle arrive dans la 60ème chez les oranges, et sa sisto la prend un peu de haut.
Le lendemain, une chemise rouge lui apprend qu’une pâte cassée en deux permet de gagner le grand jeu. Une poignée de farine jetée dans le feu lui en met plein les yeux et les caras qui chantent au fond du car avec leur guitare la fait rêver le soir.

Sept mois plus tard, elle est prête pour le grand départ.
Elle a fait le passage obligatoire chez Décathlon et vernit sa gamelle de son prénom.
Lou découvre la vie dans la nature, les ronces qui piquent, les tiques qui la paniquent et les concours de boutons de moustiques. Mais finalement, Lou, elle y prend goût.
Et très vite, ses cheftaines deviennent des grandes sœurs, avec – elle le réalisera plus tard– un très grand cœur.
Première corvée de bois, et Lou hésite avant de plonger sa main au fond du trou à eau grasse pour récupérer la fourchette tombée dedans. Elle découvre aussi les fous rire avec ces filles qu’elle ne connaît pas très encore très bien.
Elle aime son enfance, c’est ça l’innocence.

Trois ans plus tard, c’est un nouveau départ.
Elle est trop contente d’aller au WE de montées avec toute son année qui est déjà bien soudée.
Les installes ça rigole pas, ça se jette des scies et coupe des arbres sans pitié.
Elle a fait sa première nuit dans une tente surélevée, mais elle ne fera pas la maline quand elle partira pour la première fois en Raid et qu’elle aura des bonnes grosses ampoules aux pieds.
Lou découvre ce que c’est d’avoir des responsabilités et de devoir faire une mauvaise tartiflette pour toute l’unité. Elle apprend plein de nouveaux chants, s’égosille les poumons et se casse la voix.
En fait, elle goûte juste à la liberté que lui offre le scoutisme.

Lou, elle a eu ses règles en avance parce qu’elle s’est synchronisée avec tout le reste de la compa.
Lou se dépense physiquement, elle est fière de sa foulée et se découvre une spiritualité.
Elle cherche qui elle est et qui elle veut devenir. Elle a conscience de son entourage, qui l’interroge de plus en plus.
Elle est un peu plus moche qu’avant avec des boutons, mais ça ne durera pas, alors elle continue son chemin.

Plusieurs de ses amies arrêtent mais Lou monte aux caras. Elle pense que les 3A ne vont pas l’aimer et ne pas l’intégrer.
Mais elle sait tout ce que lui apporte le scoutisme alors elle décide de s’accrocher.
Au fil du camp, elle sent la caravelle^? l’aider à donner le meilleur d’elle-même et à trouver sa place au sein d’un groupe.
Lou comprend que le service est joie mais ça ne l’empêche pas de râler toujours autant.
Et les chefs passent de grandes sœurs à des complices et des mentors.
Maintenant, Lou prend conscience de ses actes et sa curiosité lui fait voir plus loin que les idées familiales.

Ce soir, Lou est stressée comme elle l’a été à son premier week-end de montée, son premier CDH.
Elle doute, mais elle a le désir de s’engager devant ces gens avec qui elle a partagé, rit, pleuré, chanté, prié, pardonné, bref, vécu.

Lou est ambitieuse, elle a grandi, elle est belle, a acquis de nombreuses valeurs.
Lou va peut-être pleurer ce soir, mais elle se sait entourée de bienveillance.
Main au-dessus du drapeau, pouce sur l’auriculaire, Lou s’engage.

Lou, ça a été nous. Mais ce soir, Lou, c’est vous.