Le scoutisme a permis à ces réfugiés de s’intégrer

À leur arrivée au Danemark, Abas et sa famille sont accueillis par le groupe scout local de Illerslev. Malgré la barrière de la langue, ce groupe leur permet de s’intégrer au pays et aux coutumes locales. Nous le disons souvent : quand tu arrives dans une nouvelle ville, entre dans le groupe scout pour t’intégrer. C’est encore plus vrai quand tu viens d’un pays étranger. A nouveau, une belle histoire humaine du scoutisme, loin des grands titres et de la position très particulière (doux euphémisme) du Danemark sur l’accueil des réfugiés.

C’est une histoire racontée dans le quotidien danois "Politiken", 3ème journal du Danemark en terme de tirages, et l’équivalent en terme de ligne éditoriale au Monde français.

Pas besoin de comprendre le danois pour comprendre ce que signifie le "jeu de la menthe poivrée" : passer depuis sa bouche, une petite menthe douce tenue sur un spaghetti sec, vers la bouche d’un de ses amis, sans l’aide de ses mains.

La chose est plus difficile qu’il n’y parait. Raman et Ibrahim, âgés de 8 et 10 ans, redoublent d’efforts pour réussir à enfiler leur menthe sur le spaghetti sans le casser, puis réussir à le tenir en bouche pour le passer à l’autre.

Le "jeu de menthe poivrée" est la première des activités de la journée dans la cabane du Scoutisme à Ullerslev, près de Nyborg sur Fionie.

Raman, Ibrahim et leur frère Yousif âgé de 12 ans, ont rejoint huit enfants danois pour un après-midi de soutisme dans le groupe scout local, où leur père, Abas Sabbagh, aide en tant que leader bénévole scout. La femme d’Abas, Moatha, et la plus jeune fille du couple Lin (2 ans) regardent les activités.

L’automne dernier, la famille Sabbagh a quitté les atrocités de la guerre dans leur pays d’origine en Syrie et ils ont cherché refuge au Danemark. Depuis Décembre, Abas et ses trois fils sont actifs dans l’Association danoise du Scoutisme. Ils sont une des quelques 100 familles, qui, jusqu’ici, ont reçu l’aide des fonds recueillis par le quotidien danois "Politiken" et la Fondation Oak. 9,7 millions de couronnes danoises (plus de 1,3 millions d’euros) avaient été recueillies pour veiller à ce que les enfants réfugiés peuvent participer à des activités de loisirs au Danemark. Les bons de réduction émis par le Conseil Danois pour les Réfugiés Autorisés ont aidé Abas à acheter les uniformes scouts et à payer les frais d’adhésion pour ses trois fils.

"Je suis arrivé au Danemark l’an dernier", explique Abas Sabbagh, "A ce moment-là, ma famille est restée à Damas, où je possédais un magasin de vêtements et où ma femme enseignait les mathématiques à l’école secondaire." Peu après avoir régularisé sa situation au Danemark, son nouveau pays d’origine, Abas a commencé le bénévolat au sein du groupe scout local, sur la recommandation du Conseil Danois pour les Réfugiés.

Avec ses fils, Abas parle arabe, mais pas pour le scoutisme. Il utilise le mot "Spejder", qui est le mot danois pour "Scoutisme". Abas ne connaissait pas le mouvement scout lorsqu’il était en Syrie et il n’était pas franchement attiré par la vie en plein air, le camping et le feu de camp. Soit. Mais le scoutisme en Ullerslev et le bénévolat au sein du groupe scout local se sont avérés être pour Abas une approche unique de la communauté danoise et de son mode de vie.

"Pour moi", dit Abas," Intégration signifie que l’on doit apprendre à comprendre la manière danoise de penser et de vivre, connaitre ce que les Danois aiment et n’aiment pas. C’est ce que j’ai appris ici dans le groupe scout. Il est aussi important d’apprendre la culture et les coutumes locales que de maîtriser rapidement la langue".

Il aime le scoutisme, car il met l’accent sur la nature, l’humanisme et la coopération. Par conséquent, il n’a pas hésité à mettre ses trois fils au Groupe Scout, très peu de temps après qu’il ait réussi à réunir sa famille en octobre. Raman, Ibrahim et Yousif semblent aimer, bien que certains des jeux peuvent être un peu compliqué : moins de 6 mois après leur arrivée, ils ne parlent pas encore beaucoup le danois.

A les regarder jouer et interagir avec les scouts locaux, il apparait rapidement évident que les trois garçons comprennent un peu e danois, avant même que leur père ne leur traduise les mots en arabe. Et à la question s’ils sont heureux d’être scouts, ils opinent de la tête avec énergie. Pas de doute, ils sont heureux.

Nous ne savons pas ce que sont ces poêles, mais on veut les mêmes dans nos camps scouts !

Grâce au groupe scout, les trois garçons Sabbagh rencontrent des enfants locaux de leur âge et apprennent à interagir entre les Danois. Abas et Moatha, leurs parents, sont convaincus que le scoutisme sera très bénéfique car il aide à s’intégrer et à se sentir à l’aise dans leur nouveau pays d’accueil.

"Il n’y a pas que les jeux, bien sûr", dit Abas, "Les enfants apprennent également à vivre ensemble dans une grande communauté, à cuisiner et manger ensemble, par exemple".

En fait, pour Raman, Ibrahim et Yousif, être dans le groupe scout n’est pas qu’un pas vers l’intégration. Ils apprennent une activité utile. En cela, leur motivation est identique aux garçons et filles danois déjà membres de ce groupe scout.

Nous avons demandé quelle est la meilleure chose dans le scoutisme. Raman répond immédiatement "Mut’ah". C’est le mot pour dire "fun" en arabe. "Vous pouvez vous faire de nouveaux amis", ajoute son frère aîné Yousif.

Pour la famille Sabbagh, l’implication dans le scoutisme et le groupe scout d’Ullerslev est devenu une partie intégrante de leur vie en Ullerslev. Abas est tellement mordu que la famille va certainement rester active dans le scoutisme, même quand ils seront mieux intégrés au Danemark.

"La solidarité et l’esprit communautaire ici sont si bons pour ma famille", explique Abas. "Si je ne devais décider qu’une seule chose pour mes enfants, alors ce serait qu’ils soient en mesure de rester actifs dans le scoutisme".

Le groupe scout d’Ullerslev est membre des Den Danske Spejderkorps, lui même membre du Scoutisme Danois, l’équivalent direct du Scoutisme Français, membre de l’OMMS? et de l’AMGE?. Il y a une dizaine d’associations de scoutisme au Danemark, deux d’entre elles étant spécifiquement groenlandaises. Et oui !

Portfolio

PS

Source : Europak (avec autorisation)

Texte original : Laura Byager Rabol, Politiken.
Photos : Politiken & Ullerslev Spejdergruppe

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