Des compagnons dans la jungle de Calais
Ils sont cinq. Ils viennent du groupe scout d’Angers-Avrillé, dit aussi groupe Abbé Pierre. Ils s’appellent Gaspard, Loic, Lucien, Zoé et Camille ! Et pour leur premier camp, le camp dit "1er temps", ils sont partis dans la jungle de Calais avec Caritas France Urgence. Ils ont raconté leur récit sur leur blog et nous autorisent à le reproduire ici.
Se lever de bon matin, à Calais, ne me paraît pas si pénible. D’habitude il y a toujours un membre de l’équipe qui grogne et qui est de mauvaise humeur. Ici non. On se sent utile je pense. On sait qu’on change, ne serait-ce qu’un tout petit peu, la face du monde rude d’aujourd’hui.
Nous étions et nous sommes cinq compagnons. Des scouts fiers et hardis. Des amis de longues dates avec des envies multiples. Et nous nous sommes retrouvés à Calais, au milieu des migrants, justement grâce à ses envies là.
Nous avons vu des choses qui dépassaient, je pense, l’entendement. Je m’étais renseignée avant de venir, et je pense que nous l’avons tous fait. Les médias font circuler des images chocs pour complaire le public, mais ce que nous avons découvert là-bas, c’est tout simplement la définition même du mot Humanité.
Nous avons rencontré des personnes aux parcours différents, aux vies tourmentées, mais qui arboraient le plus simple et le plus beau cadeau visuel, un sourire. Des sourires par-ci, des « Salam » par là. Des hommes en majorité, venues de pays en difficultés politique, des femmes aussi et des enfants.
Je peindrais une journée type par le commencement, l’accueil des personnes de Caritas France Urgence. Une équipe formidable qui nous a accompagnés tout au long de notre semaine à Calais parmi les migrants. Sans eux, je pense que nous ne serions pas allés bien loin.
Notre rôle à nous c’était de faire en quelque sorte un état des lieux. Je m’explique, il nous fallait constater sur le terrain (dans la jungle) qui n’avait pas d’abris. Il fallait être méthodique. Nous avons préparé des « kits cabane », c’est-à-dire que nous procurions aux migrants sans toits, des planches, des taules, de la bâche et des clous. Rien que ces matériaux rendaient la foule hystérique.
En faisant ce job, nous avons pu constater par nous-même la détresse de ces personnes, les conditions misérables dans lesquelles ils vivent. Mais nous avons aussi rencontré des personnes formidables. Des gens chaleureux, amicaux et bienveillants. J’ai même pu parfaire mon arabe ! Nous avons appris quelques mots voire quelques phrases en arabe ! Ces échanges linguistiques montraient aux migrants que nous nous intéressions à eux en tant qu’êtres humains et non pas en tant qu’étrangers à bannir du sol français.
La journée se poursuivait par le déjeuner au centre d’accueil du Secours Catholique dans le centre de Calais. Un endroit reposant et chaleureux, où les bénévoles nous attendaient pour manger.
Nous avons ici aussi rencontré des personnes extraordinaires ! Grâce à Mariam par exemple, l’équipe a pu assister et être actrice de la rupture du ramadan. Un moment fort, plein d’émotions et de partage ! Je crois que sans cette soirée, la semaine n’aurait pas été complète.
L’après-midi était en général dédiée à la fabrication de kits cabane. Un moment peu plaisant, mais toujours agréable grâce à la bonne humeur et l’envie d’aider de chacun. Sinon nous tournions dans la jungle, pour livrer les kits. Des moments, encore, joyeux !
Le soir, nous étions vraiment épuisés. Mais on trouve toujours une occasion de faire la fête à Calais. Un anniversaire, un apéro, un pot de départ, … Pas un soir de calme. Je pense que les bénévoles sont une famille protectrice. Ils se connaissent tous, s’entraident, se protègent et partage des moments magiques ensemble. Et nous avons de la chance d’avoir été adopté par cette grande famille pendant une semaine.
Si on me demandait d’écrire, je ne sais pas, un article par exemple. Je commencerai par « Se lever de bon matin, à Calais, ne me paraît pas si pénible… ». Si on me demandait de décrire mon voyage en 5 mots je répondrais par : Sourire, Réalité, Humanité, Partage, Aide. J’ai personnellement mûri à Calais et je sais que toute mon équipe compagnon? aussi. Car nous avons vu ce qu’était la misère, et nous avons franchit les barrières conventionnelles que nous impose la société. Nous avons tendu nos mains aux migrants dans le besoin. Et je pense que dans la situation d’aujourd’hui, il est important de se mobiliser pour eux. L’Homme est l’animal politique, si je puis dire, le plus sociable et humain sur Terre. Alors autant commencer maintenant à le devenir.
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Récit reproduit avec l’autorisation des compagnons d’Angers Avrillé. A suivre, leur blog !
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